Le XXème siècle fut à la fois le siècle des grandes Guerres
mondiales, celui de l’émancipation de l’homme, et en particulier de la
femme, celui de la décolonisation, et la reconnaissance des droits légitimes à
l'auto-détermination, à l'indépendance, et à la souveraineté, avec la création
des "Etats-nations" dont nul (ou presque) ne remettait en
cause le bien-fondé.
Mais ce XXème fut aussi celui de la désillusion à l'encontre des Etats-nations
et des idéologies mondialistes et monolithiques prétendant englober toute
l'humanité dans un même creuset de "pensée unificatrice", et pour un même
destin.
Or aujourd'hui, s'il est reconnu que l’humain est libre et que l’expression
de cette liberté implique un droit à la différence et entraîne forcément
une diversité d’opinions, le droit des ethnies et des peuples premiers,
ne l'est toujours pas. Cette revendication si triviale d'une ethnie à son
particularisme linguistique et à un cadre politique souverain que j'ai nommé Etat-ethnie
ou par le néologisme Ethnétat, provoque toujours de fortes
réticences, voire une opposition acerbe.
Imprégnés de l’héritage du XXème siècle, les Etats-nations restent persuadés
de leur mission ‘civilisatrice’, censée contrebalancer les aspects beaucoup moins
glorieux de leur ancien colonialisme. Mais certains petits peuples et petites
ethnies s'entêtent à refuser de troquer leur identité contre un consensus
universel, que celui-ci se nomme modernisme ou toute autre -isme visant
à unifier l’Humanité sous une même égide.
Ces petits peuples et ethnies ne considèrent pas "La tour de Babel"
comme une calamité, mais comme un bienfait. Ils ne veulent pas d'un monde avec
5 ou 6 langues pour "échanger", mais aspirent au contraire à leur
particularisme linguistique et au foisonnement des idiomes. Contre toute
attente, ils manifestent leur attachement à des valeurs ancestrales, ethniques
comme culturelles. Ils se montrent prêts à se battre pour leurs idéaux, non
seulement dans les pays anciennement colonisés, mais également au cœur même de
l'Europe !
C'est alors qu'on découvre - avec étonnement - que l’inattendu peut se
produire, et que des peuples censés avoir disparu depuis fort longtemps
existent encore, même si le plus souvent à l’état de lambeaux.
L’idée d’une résurrection de ces peuples ‘condamnés par l’Histoire’ a
fait son chemin au fil des revendications des Aborigènes bushmens d'Océanie,
des "Natives" d'Abya Yala (appelés de manière imbécile et
injurieuse "Amérindiens"), des Amazighs, des Arméniens, des Basques, des
Bretons, des Catalans, des Corses, des Dinkas, des Inuits, des Kurdes, des
Kogis, des Tamils, des Tibétains, et bien d’autres encore.
Et que l’on ne s’y trompe pas ! Il n’est pas question pour eux d’une
simple revendication à un vernis vernaculaire local sur un fond culturel
"national" homogène et monolithique. Il s'agit bel et bien d'une
revendication politique de retour à l’identité originelle plutôt qu’à celle
imposée par l'envahisseur. C'est la manifestation de leur refus en tant que
"vaincus" à accepter le « verdict de l’Histoire » des
"vainqueurs" ou à ‘épouser’ ses valeurs sous prétexte d'une supériorité
militaire de ces derniers, comme si celle-ci impliquait nécessairement une
supériorité culturelle et civilisatrice.
C’est encore leur refus de se voir qualifiés de pièces de musée,
tout justes bonnes à servir de base à des travaux anthropologiques. C’est enfin
le refus de se trouver agglutinés en un seul et même Etat-nation, lui-même né de
la prédation colonialiste et du dépeçage de territoires conquis et occupés par les
"grandes puissances" d’antan.
Ces petits peuples qui littéralement « renaissent de leurs cendres » génèrent une nouvelle conception du monde, et une nouvelle éthique. Pour la première fois, on entrevoit la possibilité que l’Humanité ne soit plus régie par la loi du plus fort mais qu'elle se fonde dorénavant sur le droit du plus juste.
De cette aspiration est née la notion de peuple premier, c’est à
dire de peuple le plus anciennement reconnu comme ayant vécu sur une terre, et
par là-même son statut d'autochtone et d'indigène, et donc de l'antériorité
de ses droits historiques face au nouveau-venu ! Et c’est ce concept
d'antériorité des droits historiques qui, au XXIème siècle, promet de renverser
« l’ordre mondial ».
Face à la vision prédatrice de jadis, retentit désormais le son du
cor (le "shofar" en hébreu, voir illustration) de la
vérité et la justice historique, celle du droit des peuples et ethnies autochtones
et indigènes à vivre et assumer librement leur destin et leur choix d’existence,
et à concrétiser leur droit de propriété sur leurs terres ancestrales.
Afin de leur nier et aliéner ce droit, les Etats-nations des puissances
conquérantes arguent de la difficulté à déterminer qui est vraiment le peuple
premier d'une contrée, et que depuis la "Préhistoire" il y eut des
"brassages de peuples".
Mais cette argutie ne tient pas. Car il faut bien distinguer entre ce
qui se passa au fil du temps de manière naturelle et acceptée, par le biais du flux
de pacifiques migrations "préhistoriques", de ce qui s'est fait par
la force, la violence, l'invasion, la conquête, la volonté "historique"
délibérée d'écraser une population autochtone afin de la supplanter. On ne peut
décemment camoufler en "conflits de voisinage" ce qui est en réalité une
occupation brutale et la soumission de la population qui y vivait depuis
l'éternité des temps.
C'est pourquoi la revendication d'un peuple premier à recouvrer sa
terre et son identité, aussi lointaine et occultée fût-elle, ne doit plus être
ignorée. Ces peuples et ethnies qui aspirent à la justice historique, refusent
de faire démarrer l’Histoire après toute conquête, parce qu’un tel point de
départ devient immédiatement un moyen de ‘naturaliser’ le conquérant arrivé peu
avant sa ‘mise à zéro’ du compteur de l’Histoire.
Et ceux qui parmi les autochtones, et la chose risque de se produire, sont
à ce point aliénés par les conquérants qu'ils s’identifient aux valeurs et à
l'identité des bourreaux de leurs ancêtres, n'ont nullement le droit d'imposer
leur identité d'emprunt à leurs frères resté fidèles à leur origine. Quant à
ceux qui sont les descendants d'envahisseurs, ils sont invités à adopter la
culture et l'identité indigènes s’ils veulent rester sur la terre sur laquelle
ils sont nés. Sinon, libres à eux de rejoindre la région du monde où la
"civilisation" étrangère qu’ils revendiquent, y est autochtone.
Il est vrai que dans un monde où fait encore autorité le concept dévoyé
(nommé "moderne" par ses adeptes) d'Etat-nation, qui prétend
"unifier" des populations hétérogènes, ou pire encore, à scinder
artificiellement et au gré des "conjectures" et "contingences "
colonialistes un peuple homogène en deux entités étatiques, tout cela paraît
encore quelque peu utopique.
Mais il y a un point du globe où un peuple a montré la voie à cette
‘utopie’. Il se trouve en Israël et ce peuple s'appelle : le peuple Hébreu.
Et pourtant, son mouvement libérateur de peuple premier (Le Mouvement
Hébreu de Libération, malencontreusement nommé "sionisme"), n'est pas
reconnu comme tel. Le monde entier – y compris les Israéliens eux-mêmes,
imprégnés et aliénés par leur judaïsme - refuse de lui reconnaître cette
qualité.
Pourquoi ? Est-ce parce que le Mouvement Hébreu de Libération est non
seulement le premier parmi les peuples premiers à renverser le cours de
l’Histoire, mais aussi le plus hardi dans son exigence de justice
historique pour un peuple qui fut spolié de sa terre ? Est-ce parce que
l'existence-même du peuple Hébreu et la réussite de son retour au pays des
ancêtres et de la "résurrection" de sa langue, concrétisé par la
déclaration d'Indépendance de l'Etat d'Israël, est un camouflet aux
Etats-nations colonialistes, impérialistes, et prédateurs ? Est-ce parce qu'il
est un rappel vivant des crimes perpétrés par ces Etats-nations ?
Est-ce afin de se soulager de leur mauvaise conscience que les
Etats-nations ont contre- attaqué par le biais d'un soutien à un "peuple
palestinien" factice et créé de toutes pièces par le panarabisme islamique
? Et ce, en remettant en cause le statut de peuple premier du peuple
Hébreu et en sapant la légitimité historique et morale de l'Etat d'Israël !
Est-ce la raison pour laquelle, le Mouvement Hébreu de Libération - et
ses revendications révolutionnaires - a été nanifié et réduit à une
"solution politique de la question juive après la Shoah" ? Est-ce aussi
dans ce but que les idéaux hébreux de justice et de vérité historiques ont été
balayés des consciences et remplacés par un pragmatisme qui se veut de bon aloi,
avec son slogan nauséabond et mensonger de "Deux Etats pour deux
peuples" ?
Quoi qu’il en soit, alors que peu à peu s'ébauche une prise de conscience
de la légitimité des revendications des peuples premiers, dans le même
souffle l'hostilité au Mouvement Hébreu de Libération et la calomnie envers l'Etat
d'Israël, s'amplifient de manière exponentielle.
Même les autres peuples premiers, aliénés par la propagande des
Etats-nations et celle de leur "protégé" palestiniste panarabiste,
voient dans Israël non pas le fruit d’un combat de libération d’un peuple
premier qui a réussi, mais le dernier avatar du colonialisme et de
l'impérialisme des Etats-nations.
Ils considèrent donc le combat contre Israël comme le fer de lance de la libération des
peuples, et de la lutte en faveur d’un renversement de l’Histoire. On voit
alors de la manière la plus ahurissante qu'il soit, des patriotes Bretons et
Basques reporter leurs ressentiments justifiés à l'encontre de l'Etat-nation
français sur l'Etat d'Israël qu'ils accusent de tous les maux, et à l'inverse
"sympathiser" et "fraterniser avec la cause palestinienne".
Alors que - comble du paradoxe !- cette "cause palestinienne" est
en réalité le fer de lance du panarabisme colonialiste qui fut la tombe de
beaucoup de peuples premiers !
Car dans ce théâtre de l'absurde, si les Israéliens sont appréhendés
comme des conquérants, ce sont désormais les "Palestiniens" qui
bénéficient du statut sinon de peuple premier, du moins de peuple plus
anciennement ancré dans le pays que les Israéliens. Ce serait donc alors à eux
et non aux Israéliens que doit s’appliquer la revendication de justice
historique unanimement réclamée par les peuples premiers.
Comment une telle aberration a-t-elle pu se produire ? Et qui est
responsable de ce revirement et ce retournement de statut où l'on voit le
descendant de l'occupant colonialiste étranger et le colon
palestiniste-arabiste "hériter" de la légitimité de l'autochtone, tandis
que le descendant des Hébreux indigènes reçoit le quolibet de "colon"
et "d'occupant" sur sa propre terre ?
La faute en incombe bien-sûr aux Etat-nations colonialistes, mais également
aux dirigeants israéliens eux-mêmes - piégés par leur pragmatisme et leur judaïsme
pharisien - qui ont trahi le Mouvement Hébreu de Libération. Au lieu de clamer
à haute voix les objectifs révolutionnaires du Mouvement Hébreu de Libération, ils
ont laissé les puissances colonialistes dévoyer leur mouvement de libération et
le réduire à l'aumône "d'un refuge pour les Juifs contre
l'antisémitisme".
Aujourd'hui, l'heure n'est plus à la tergiversation et au pragmatisme
de minables : Soit l'Etat d'Israël revienne aux idéaux et aux aspirations du
Mouvement Hébreu de Libération et brandisse le flambeau des droits historiques des
peuples premiers, soit qu'il se fasse hara-kiri pour ne pas tomber
dans l'infamie ou mourir à petit feu sous les coups de boutoir de l'Umma
panarabiste-islamique et de ses alliés "objectifs" : les
Etats-nations occidentales et la Supernova US des Yankees.
Vous n'évoquer pas la particularité du peuple hébreu en tant que seul peuple premier pouvant se preévaloir d'un contrat de propriéte universel reconnu par tous la thora c'est d'ailleurs un autre paradoxe
RépondreSupprimerBonjour Nissim. La Torah n'est malheureusement pas un "droit de propriété". En fait, la Torah a tout fait pour détruire le droit naturel de propriété du peuple hébreu indigène sur sa terre, pour le transformer en un "droit divin" conditionné à l'obéissance à Yahweh.
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