L'organisation mafieuse appelée UNESCO sur laquelle règnent les Etats
pétrodollars islamiques, a décidé dernièrement de trancher le cordon ombilical
qui relie Jérusalem au judaïsme et à l'Etat d'Israël.
Et voilà
tout le judaïsme en émoi. Même Binyamin Netanyahou, le dirigeant si pragmatique
de l'Etat d'Israël est sorti de ses gonds pour nous faire son petit laïus –
preuves archéologiques à l'appui – sur "le lien historique et antique
indéfectible entre Jérusalem et le peuple Juif".
Comme si
le monde ne le savait pas et comme s'il fallait en faire encore la preuve, alors
que cela fait plus de 2500 ans, que les "Juifs" psalmodient – avec
une ferveur inégalée - le fameux verset biblique : « Si je t'oublie ô
Jérusalem, que ma main droite se dessèche, que ma langue se colle à mon palais
si je n'évoque le nom de Jérusalem au sommet de mes joies ».
Mais, inconsciemment et involontairement, Netanyahou et avec lui l'Etat
d'Israël, et même tout le judaïsme, sont tombés dans le piège que leur a tendu
la propagande palestiniste arabo-musulmane et ses affidés occidentaux, y
compris le gouvernement de François Hollande.
Pour saisir la portée de ce piège, il nous faut d'abord faire une analyse
rétrospective historique sur Jérusalem.
I.
Jérusalem, nombril de Dieu ou prépuce du Diable ?
On
l'adore ou on l'abhorre, on la vénère ou on la maudit, mais on ne peut y rester
indifférent : « Ville centre du monde … Celui
qui n'a pas vu Jérusalem n'a de sa vie jamais joui de la vue d'un site si
admirable ». C'est ainsi que le Talmud[1] la présente.
Pour
l'écrivain israélien Amos Oz par contre « Jérusalem est une vieille nymphomane… une veuve noire qui dévore ses
partenaires au moment même où ils la pénètrent ».[2]
Antonin
Carselva surenchérit avec sa sentence lugubre : « Jérusalem est sans doute le symbole le plus éclatant de l'échec de
l'humanité… l'illusion grotesque d'un 'nombril' du monde »[3].
L'ambivalence moitié-ange
moitié-démon de Jérusalem est plus fondée qu'il ne paraît de prime abord. Se pourrait-il alors que
« Le Sanctuaire de Dieu » soit « L'Antre de Satan »
?
Déjà, Yeshou'a-Jésus, un
obscur Hébreu galiléen, avait émis quelques doutes sur la 'sainteté' de
Jérusalem, en renvoyant encenseurs et
détracteurs dos-à-dos. Lors de sa fameuse rencontre avec la Samaritaine,
autour du 'Puits de Jacob' en contrebas du Mont Grizim qui surplombe Sichem. Il
affirma alors que « l'heure viendra où ce ne
sera ni sur ce Mont et ni à Jérusalem que vous adorerez Le Père…! ».[4]
Jérusalem
était-elle donc pour lui une « Pierre d'achoppement et de discorde » entre les hommes, plutôt qu'une « Maison de Paix ». Cette cité symbolisait-elle bien pour les contemporains
de Jésus « Le site
prédestiné de Yahweh, l'Eternel Roi des Cieux, pour concrétiser sur
terre sa Shkhinah - Sa présence immanente » ? [5] Ou
aurait-elle été choisie de manière la plus prosaïquement et machiavéliquement
politicienne qui soit par le Roi David, pour y fonder sa capitale royale,
flanquée d'un Autel dégoulinant du sang innocent répandu des
agneaux et autres victimes expiatoires ?
Toutes
ces descriptions et sentences sur Jérusalem - qui résonnent parfois comme des
clichés -, lui vont pourtant comme un gant. Etrange destinée de cet éperon
rocheux et aride, juché sur une colline du fin fond de la Judée et qui aurait
dû être ignoré pour continuer à somnoler sous son soleil de plomb !
Depuis
3000 ans, ce lieu n'a cessé d'attiser haines et convoitises, avec ses scandales, ses
tumultes et ses crimes. Il demeure
jusqu'aujourd'hui le mythe ultime, l'enjeu qui focalise tous les fantasmes
monothéistes.
Il
suffit qu'un illuminé judaïque, ou un 'allumé' évangélique chrétien, et encore
plus, un provocateur fanatique islamiste, fasse sauter la 'Mosquée du Dôme' -
érigée expressément sur l'ancien sanctuaire de Yahweh lors de la conquête
arabo-musulmane du VIIème siècle après J.-C. dans l'intention
d'humilier et de supplanter les deux religions précédentes -, pour que
l'Apocalypse se déchaine et nous précipite dans son gouffre de soufre et
d'uranium enrichi.
La
Troisième Guerre Mondiale - après laquelle l'humanité ne se remettra plus
jamais -, ne sera pas provoquée par un conflit interplanétaire entre les
grandes puissances. Ni les ogives nucléaires d'Etats-voyous comme la Corée du
Nord, le Pakistan ou l'Iran, ni la famine qui sévit en Afrique, ni l'émigration
massive avec ses déplacements de populations qui submergent l'Europe, et même
pas le réchauffement climatique qui fait trembloter les chaumières écologiques,
ne sont à même d'engendrer 'l'Apocalypse'. Le doigt qui appuiera le bouton
rouge de la déflagration globale est religieux. Il porte un nom : Jérusalem.
Jérusalem,
ô Jérusalem, dont le nom, selon son étymologie hébraïque, peut se comprendre
comme « Faisons la paix »,
représente paradoxalement et à elle seule le plus grand danger qui menace le
genre humain. Une guerre qui mettra aux prises d'une part le "monde"
arabo-musulman, et de l'autre, le "monde" chrétien.
La
totalité de la confrontation entre ces deux théologies, y compris celle de
leurs alliés, affidés, satellites ou mentors (principalement les judaïques qui
se trouveront dans les deux camps), nous fera appréhender les Croisades du Xème
au XIIème siècle après J.-C., comme des jeux d'enfants, des
empoignades inoffensives.
Est-il
encore possible de démanteler le dispositif du détonateur, et neutraliser la
bombe J comme Jérusalem, qui nous tombera sur la tête ?
II.
Jérusalem entre mythe et
réalité
Par
une incroyable coïncidence dont les adeptes de l'étymologie populaire sont
friands, la dichotomie acoustique 'paix et épée' de la langue française a son
équivalence en langue hébraïque : Paix[6] se dit Shalom, tandis que Shilem englobe l'acception de
vindicte, de vendetta, de représailles, de réparation, de 'faire payer' ou de
'rendre à quelqu'un la monnaie de sa pièce' (par le glaive
?)[7].
Nous
sommes donc ici en présence d'un large champ sémantique qu'on peut appeler homonymies
contradictoires. Ce qui nous pousse à rechercher l'étymologie véritable et
historique de Jérusalem.
Sa
racine tri-consonantique[8]
est Sh-L-M.
Elle transparaît dans la calligraphie hébraïque de son nom ירושלם , qui se prononce : Yerushalem.
Ce nom est en réalité un mot composé, formé de l'impératif Yeru et du substantif Shalem. Sa traduction littérale est :
« Lancez la pierre de
fondation à Shalem ».
A
partir de l'hébreu, les autres langues, proches ou éloignées, ont conservé
cette structure de mot composé : اورشليم Ûrshalîm, en arabe, Gerusalemme en
italien ou Hiérosolyma en vieux français.[9] La cité a été également
désignée par des surnoms comme 'ir haqodesh « la ville de sainteté » ou Sion « site
désigné », mais ces dernières appellations sont moins en usage et le nom
hébreu originel Yerushalem[10], et ses variantes en
langues étrangères, ont été partout privilégiées.
Or
Shalem est aussi le nom
d'une obscure divinité.[11]
En effet, El (le Dieu suprême du panthéon hébreu-cananéen,
une sorte de Zeus chez les Grecs), eut un rapport sexuel avec une mortelle et
lui enfanta des jumeaux : Shahar (le croissant lunaire de l'aube)
et Shalem (la pleine lune du crépuscule). [12]
Les
anciens Hébreux, animistes, totémistes, et polythéistes, affectionnaient particulièrement
les noms de ces deux jumeaux mi-dieux, mi-humains, avec une prédilection pour
le second. On le retrouve par exemple dans celui du Roi Salomon (Shlomo
en hébreu), fils de David ou celui de Salomé (Shlomit), la fille du
prince Zerubabel.[13]
De même, on remarque dans la liste des noms de la généalogie de Jésus, selon
Matthieu et selon Luc, un certain Shalmon (en français Salmon), nom tiré de la
même racine tri-consonantique. C'est dire sa popularité.
Pourtant, et aussi intéressante
que soit l'étymologie de Jérusalem, son histoire est encore plus énigmatique, voire
sibylline. Aux XXème
et XIXème siècles
av. J.-C., lors de l'occupation du Levant (en hébreu biblique Qedem,
par opposition au couchant ou Canaan) et la vassalisation de ses
roitelets, Jérusalem est
mentionnée dans des fragments de textes pharaoniques dits
« d'exécration ».
Son
nom, transcrit en hiéroglyphes par Urushalimu,
se trouve également parmi les archives royales d'Akhenaton découvertes à
Tel Amarna et datant du XIVème siècle avant J.-C. On peut y lire la
correspondance d'un roitelet de Jérusalem, un certain Ebed-Hiba (Serviteur
désiré, en hébreu) qui, en tant que vassal du Pharaon égyptien, lui adresse
un appel à l'aide désespéré afin qu'il le protége des 'Habirou' ou 'Apirou'
: « Aux pieds du Roi, je suis tombé
sept et sept fois… La terre du Roi est passée aux Habirou… Déjà, un bourg
appartenant à Jérusalem est passée aux gens de Qiltu. Puisse le Roi écouter
Ebed-Hiba son serviteur et envoyer des archers. »
La
Bible[14]
semble s'en faire l'écho et nous parle de « Adoni-çedeq[15],
Roi de Jérusalem », en proie aux escarmouches des Israélites. Le
livre des Juges[16]
mentionne un « Adoni-bezeq[17]»
pourchassé par les Israélites et qui succombe à Jérusalem. Ebed-Hiba,
Adoni-çedeq, Adoni-bezeq, ne seraient-ils pas une seule
et même personne ? Quant à Qiltu (méthatèse de Qitlu = massacreurs),
faut-il voir des Israélites sous ce sobriquet ?
Et qui sont ces terribles Habirou-Apirou
? Selon l'archéologue William Dever[18],
ce nom octroyé péjorativement par les Pharaons égyptiens pour décrire des « rebelles, délinquants
et hors-la-loi », désigne en
réalité des Hébreux 'proto-israélites'. Il est à noter que la missive
d'Ebed-Hiba fait usage du verbe 'passer'. Or en hébreu, 'passer' ('EBER) est de
même racine que Hébreu ('IBRI), qu'on peut traduire par 'passeur de cols'.
Est-ce à dire que ces passeurs de cols outrepassaient les lois ? Mais lesquelles
? Les lois du Pharaon évidemment ! En fait, ces "passeurs" n'étaient
rien d'autre que des résistants à l'hégémonie égyptienne. D'ailleurs,
jusqu'aujourd'hui, tout occupant étranger n'a de cesse que de dénigrer un
résistant autochtone en lui attribuant le titre de "hors-la-loi".
Jérusalem
apparaît également sur des tessons de poteries égyptiennes trouvées lors de
fouilles archéologiques à Louqsor. La datation précise est ardue, mais il est
certain que ces vestiges sont antérieurs de près de 500 ans à la mise à sac de
Jérusalem incendié par les Fils de Judah au XIIème siècle
avant J.-C. [19]
Ce
sont donc des Judéens qui, pour la première fois dans l'Histoire, incendièrent Jérusalem,
précédant de plusieurs siècles Nabuchodonosor le babylonien et Titus le romain
! Mais surtout, cela signifie qu'il existait bien une ville portant ce nom bien
avant les dernières retouches à la rédaction du Pentateuque, estimée au VIIème
avant J.-C. Les
innombrables anachronismes du Pentateuque trahissent en effet sa compilation
tardive et en font une des moins anciennes parties du corpus biblique. Or, si Jérusalem est très souvent mentionnée dans
presque tous les 24 Livres de la Bible judaïque[20], en particulier depuis le Livre des Rois, elle ne
l'est pas une seule fois dans la Torah - le Pentateuque -
attribuée (à tort) à Moïse.
Troublés
par cette absence surprenante, les exégètes voulurent - en forçant quelque peu
la littéralité du verset – voir la première mention biblique de Jérusalem dans
un certain passage de la Genèse. Le premier des cinq Livres du
Pentateuque nous parle certes de la rencontre du patriarche Abraham avec « Melkiçedeq,
roi de Shalem, prêtre d'El elyon »[21], cependant,
rien n'est moins certain que de conclure qu'il s'agit bien de Jérusalem. En
effet, le livre de la Genèse situe expressément Shalem non pas en Judée
mais en Samarie : « Et Jacob arriva à Shalem, ville de Sichem » [22].
Comment
expliquer ce samaritanisme du Pentateuque (ou plutôt de ses rédacteurs et
compilateurs anonymes[23]),
livre qui est à la fois le fondement mythique du judaïsme, la référence caduque
du christianisme, et le texte plagié de l'islam, bref l'origine des 'trois
grandes religions monothéistes' ? Serait-ce que Jérusalem représente le trou
noir amnésique du 'nombril mémoriel du monde' ?
Quoi
qu'il en soit, ce mutisme sur Jérusalem-en-Judée demande quelques
éclaircissements. Se pourrait-il que les rédacteurs-compilateurs du Pentateuque
n'ont pas voulu se trahir en évoquant explicitement le nom d'une cité qu'ils
croyaient ne pas exister à l'époque de Moïse ? Ou qu'ils redoutaient qu'un tel
anachronisme ne porte préjudice à la construction théologique du Pentateuque ? Ces
deux suppositions se tiennent. Cependant, s'ils surmontèrent le piège en ne
mentionnant pas nommément Jérusalem,
ils laissèrent un mystérieux indice dans la fameuse bénédiction que Moïse
adressa à chacune des douze[24]
tribus d'Israël : « Sur Benjamin, il dit : Bien-aimé
de Yahweh, Il résidera avec confiance auprès de lui ; Il l'abrite toujours, et
réside entre ses épaules. ».
La racine verbale ShKN qui
revient deux fois dans ce verset et est traduit littéralement par résider[25], évoque une 'présence
divine immanente' (la 'Shkhina'). En hébreu, il peut suggérer celle d'un
sanctuaire. Or Jérusalem se trouve dans le territoire de la tribu de Benjamin,
faisant charnière entre celui de Judah au sud et de Joseph au nord. Les
rédacteurs-compilateurs du Pentateuque voulaient-ils ainsi nous dévoiler ce
qu'il s'était tant efforcés d'occulter tout au long de leur ouvrage : le Temple
de Jérusalem ?!
Mais rappelons une fois
encore que l'ordre rédactionnel du corpus biblique est théologique et ne doit
rien ou presque rien à la chronologie. Il est donc grand temps de revenir à
cette dernière. On doit en effet au roi David l'initiative[26] de transporter à Jérusalem
le tabernacle contenant les Tables de la Loi sur lesquelles étaient (prétendument)
gravées les célèbres "Dix commandements transmis par Yahweh à Moise
au mont Sinaï".
En vérité, cette Arche
d'Alliance (Aron Habrith, en hébreu), n'était pas une relique sacrée
surmontée de deux Chérubins mais un coffret rectangulaire contenant les
noms des tribus ayant adhéré à la confédération nommée Israël (en fait Ishra-El).
Ce coffret était tombé aux mains des Philistins, ces navigateurs Crétois
et des îles de la Mer Egée qui opéraient des incursions meurtrières sur tout le
littoral cananéen.[27] Durant trois
siècles (avant d'être boutés hors du pays au Xème siècle avant
J.-C.), ces Crétois furent les ennemis jurés des Hébreux. A tel point que leur nom
biblique Philistins, et qui donnera bien plus tard (IIème
après J.-C.) Palestine, signifie en hébreu : occupants, envahisseurs. [28] Voir sur ce point notre article Pour en finir avec l'usage du terme "Palestine".
III.
Jérusalem, Yahweh, le
Roi David, ou le Tétragramme triangulaire
Selon la Bible, le Roi
David - après avoir récupéré des mains des Philistins et mis en sécurité l'Arche
d'Alliance -, se mit en tête de construire à Yahweh - le Dieu tutélaire et
le garant de l'unité de la confédération israélite - une « Maison ». Et
ce, afin que Yahweh qui le protégea de tant de dangers et de menaces lors de
ses expéditions guerrières et ses tribulations politiques, puisse enfin se
reposer. Yahweh était en effet fatigué d'être 'trimballé' d'un endroit à
l'autre sous sa démontable et remontable Tente d'Assignation. Il
aspirait à se sédentariser. Contre l'engagement de David de le loger en dur,
Yahweh lui promit son alliance éternelle et de perpétuer sa descendance sur le
trône d'Israël.
La royauté, héréditaire de
surcroît, n'était pas une mince affaire à l'époque. Pour les Hébreux israélites
foncièrement opposés à la monarchie et à toute autorité centralisée, c'était
même un casus belli qui aurait dû déclencher les hostilités envers
David. Pourtant, il semble qu'ils ne s'en offusquèrent guère. A moins que ce
fût le narrateur biblique qui sût faire passer la pilule monarchiste avec un
récit non dénué de charme populaire - David dansant presque nu devant l'Arche
d'Alliance -, destiné à convaincre que cette élection davidienne ne changerait
en rien les coutumes hébraïques anarchisantes.
Parallèlement à l'élection
du Roi David par Yahweh que les exégètes prirent pour argent comptant avec un
sérieux hallucinant (son intronisation en tant que 'Oint de Dieu', allait
beaucoup plus tard devenir un modèle et une référence pour tous les Rois de France),
la Bible nous relate son dévolu sur Jérusalem. Juché sur sa monture en face de
Jérusalem ou Ville de Jébus - la place forte d'une mystérieuse peuplade
'les Jébuséens' -, le roi David en fit le siège.
Les Jébuséens l'avaient
auparavant nargué en alignant sur les remparts de leur citadelle tous les
aveugles et les boiteux de la ville, une manière sans doute de lui prouver
qu'elle était inexpugnable puisque même des handicapés suffisaient à la
défendre. Mais le rusé David s'introduisit dans l'enceinte de la forteresse en
empruntant un boyau souterrain (d'égout ?) et s'empara de la ville. Dès lors,
il la surnomma Citadelle de Sion ou Cité de David et il interdit
à tout aveugle et boiteux, l'entrée du sanctuaire qu'il envisageait de
construire (vers 1000 avant J.-C) et qui s'acheva avec la construction du Temple de
Salomon, vers 950 avant J.-C, devenant ainsi la capitale politique et
religieuse du royaume d'Israël unifié.
.La langue hébraïque nous
révèle bien des choses dans ce récit folklorique, fantaisiste et non moins
anachronique : Jébus (Yebous), signifie défaite. Les
pseudo-Jébuséens ne sont donc pas une peuplade étrangère, mais des
Hébreux vaincus et défaits par David. Il est invraisemblable
qu'ils se soient eux-mêmes appelés ainsi, et encore moins qu'ils aient nommé
péjorativement "Cité de défaite", leur forteresse montagnarde qu'ils
croyaient imprenable.
Le narrateur biblique
nous entretient alors d'un recensement (chose préalablement prohibée par
Yahweh) entrepris par lui. En effet, le narrateur biblique, après avoir
méticuleusement énuméré les vaillants guerriers de David, 'les 37 Preux', (le
trente septième étant Urie le hétéen cocufié et secrètement exécuté par son roi
et amant de son épouse), nous dit soudain que Yahweh se mit en colère et
'incita le cœur de David' à procéder au dénombrement de la population de Judah
et d'Israël. Ce que fit David.
Mais pour le punir
d'avoir obéi-à-l'injonction-de-transgresser-l'interdit-de-recensement
(Yahweh est un tyran retors et compliqué), Dieu envoya son prophète, un nommé
Gad[29], enjoindre David de
choisir entre trois calamités : trois ans de famine, trois mois de défaites
militaires, trois jours de Glaive de Yahweh, c'est-à-dire d'épidémie de
peste.
David préféra tomber
entre les mains de Yahweh, fut-il capricieux, plutôt qu'entre celles de ses
ennemis humains. Il choisit la peste. Soixante-dix mille Israélites périrent.
Parvenu à Jérusalem, l'Ange
exterminateur – le glaive de Yahweh - comptait y achever sa ravageuse
besogne, lorsque David l'aperçut qui se tenait avec nonchalance devant la
grange d'un quidam, répondant au nom d'Aronah le Jébuséen. David implora
Yahweh : « C'est moi qui ai péché, je suis le seul coupable. Qu'ont
fait ces brebis ? De grâce, que ta main ne frappe que moi et ma famille ». C'est
alors que Yahweh eut pitié de la cité et de ses habitants. Il ordonna à l'Ange
: « Assez ! Retire maintenant ta main ! » [30]
Le prophète Gad alla
trouver le roi David, passablement troublé par la vision de l'Ange, une sorte
d'épiphanie christique, et lui dit : « Elève un autel à Yahweh dans l'aire
d'Aronah le Jébuséen ». David désira aussitôt acheter la grange et l'aire attenante pour le battage des
grains de céréales.
Mais
qu'y avait-il de si saint sous les bottes de paille de la grange
d'Aronah ? Nous
laissant sur notre faim, le Livre de Samuel s'achève là, sans nous le révéler.
La tradition populaire prit le relais et lia les gerbes d'orge et de blé à la
légende davidique messianique de Jérusalem : sous la grange, perché sur un
monticule dont la forme arrondie évoquait un occiput, se trouvait la sépulture
d'Adam, le premier humain ! Le site mythique reçut plus tard le surnom de
'crâne', golgoleth en hébreu, qui donna le fameux Golgotha des
Evangiles, et du "second Adam" qu'était Yeshou'a-Jésus pour ses
disciples.
Quant
à Aronah, sans se départir de sa flagornerie de péquenot balourd, il se révéla
un négociateur redoutable et, presque sans avoir l'air, fit payer à David le
prix fort. A tel point que notre narrateur-rédacteur de la scène (totalement
fictive bien entendu) bafouilla et décerna à Aronah, le titre de …Roi, à la
place de David !
La racine de ce nom
hébreu - Aronah – possède deux sens : soit Arche (comme dans
l'expression Aron ha Brith[31]= Arche d'alliance), soit
un diminutif désignant la Lumière : Or ou Ornan. C'est
d'ailleurs ainsi qu'il est transcrit dans le Livre des Chroniques.[32] Ce nom prédestiné,
évoquant à la fois les "Tables de la Loi" déposées dans le Saint des
Saints du Sanctuaire de Jérusalem, Les Ourim et Toumim (les pierres
précieuses scintillantes du pectoral d'Aharon, le frère aîné de de Moïse et le
Grand Cohen sacrificateur, selon la Bible), et même le Candélabre à sept
branches éclairant les Chérubins, aurait pu et dû laisser libre-cours à l'imagination débridée des exégètes et aux
élucubrations des mystiques. Mais il n'en fut rien.
A cause d'un a priori jébuséen,
donc prétendument non hébraïque de son nom, ainsi que d'une vocalisation
très tardive - et défectueuse -, dans la version dite massorétique de la
Bible (au 10ème siècle après J.-C.), la plupart des exégètes se sont
fourvoyés dans des hypothèses aussi fausses que néfastes : Araunah ou Aravnah,
serait un prince … arménien !
Décidément, la nuisance
de l'étymologie populaire est aussi passée par-là ! Or, Aronah n'est pas plus
prince qu'il n'est Arménien ou Hittite ! Etrange et ironique destinée qui
entacha le nom de ce modeste paysan :
elle fit à la fois entrer cet hébreu païen - contre son gré - dans le panthéon
monothéiste, et le gratifia d'appartenance quasi "aryenne". Pauvre Aronah !
IV.
Le sionisme de Jérusalem
Le fait que David ait
pris Jérusalem non seulement comme symbole de "résidence" de Yahweh
et d'abri pour le Coffret d'Alliance de la confédération Israélite, mais
surtout de capitale royale et donc politique, risquait de lui attirer
l'animosité et l'opposition des autres tribus d'Israël.
Or Jérusalem avait été choisie par
David comme capitale royale et religieuse afin justement d'éviter une telle animosité,
opposition, ou frictions entre les tribus. Avec son emplacement dans le
territoire central de la petite tribu de Benjamin, Jérusalem était censée faire
fonction de zone tampon neutre, pour consolider la confédération tribale,
menacée d'éclatement. Avec d'une part, un risque de sécession de la forte tribu
de Judah au sud, et de l'autre la tendance à l'hégémonie de celle de Joseph sur
les neuf autres tribus, au nord, à l'ouest et à l'est. Ce qui d'ailleurs arriva
50 ans plus tard, lors du schisme entre les royaumes de Judah et d'Israël.
Les
pérégrinations de Jérusalem se poursuivirent tout au long de l'Histoire du
royaume de Judah. L'autel que David érigea et qui fut l'emplacement du fameux
Temple de Jérusalem de son fils le Roi Salomon, puis le Sanctuaire du Dieu
ineffable du royaume de Judah et du judaïsme, tout cela fut détruit en 587
avant J.-C par les armées de Nabuchodonosor le Babylonien.
Et en 70 après J.-C., suite à la Grande
Révolte des Juifs contre les Romains, lorsque Jérusalem-Sion fut
transformée en bastion des patriotes et des résistants zélotes et sicaires, les
Romains l'assiégèrent et la rasèrent définitivement ! Lors de l'insurrection de
Bar Kochba en 132-135 après J.-C, l'empereur Hadrien la rebaptisa Aelia
capitolina, et cela afin d'offenser et d'humilier la fibre patriotique du
peuple hébreu vaincu.
Le Mouvement Hébreu de Libération (le
"sionisme" révolutionnaire et laïque) sublima donc la rébellion du peuple
et son aspiration à recouvrer son indépendance, sa souveraineté, et sa capitale
historique et politique perdues. Non pas au nom de Jérusalem et de son aura
de 'Ville Sainte", mais au nom de la justice historique.
Or, la multiple sacralisation
des vestiges religieux de Jérusalem-Sion par le judaïsme (dont Le Mur des Lamentations, en
hébreu, La paroi occidentale) et
par le christianisme, puis par le
conquérant musulman avec la Mosquée
du Rocher, avait déjà eu son effet pervers.
Car
c'est au nom de croyances religieuses que "l'internationalisation'
de Jérusalem, une sorte de "Vatican du Proche-Orient des trois religions
monothéistes", fut effrontément exigée, même par des Etats laïques comme
la France, comble de l'absurde et du ridicule !
A cela, les Israéliens doivent
rétorquer que ni la crucifixion de Jésus au Golgotha et ni le pseudo 'voyage'
spirituel de Mahomet à Jérusalem, ne sauraient octroyer sur la capitale de
l'Etat d'Israël, un quelconque droit aux chrétiens (et encore moins aux
musulmans). Que diraient les Français, si des Israéliens adhérant soudain à la
croyance en résurrection et à la divinité de Jeanne d'Arc, réclamaient
l'internationalisation de Rouen, en arguant impertinemment du fait que c'est
dans cette ville que La pucelle monta au bûcher !
Epilogue :
Cette confrontation entre
Histoire et mythe religieux, est toujours d'actualité. Elle est même devenue
fondamentale et vitale pour Israël. Car la grande erreur des Israéliens est
d'avoir hypertrophié l'importance de Jérusalem, au détriment de toute autre
parcelle de terre du Pays des Hébreux.
Or, pour un Hébreu,
Massada, Hébron, Bethlehem, Sichem, le Mont Garizim, Shilo, Ephrat, Gilo,
Megido, le Mont Tabor, Gaza, le Sinaï, le moindre kibboutz et moshav, le
moindre bourg, et le moindre village, n'est pas moins "saint" que Jérusalem.
Tous ces lieux ne sont pas "sacrés" au nom du divin, mais parce
qu'ils font tout simplement partie intégrante de la patrie des ancêtres
Hébreux. Et ce n'est pas parce qu'un roi, aussi "prestigieux" fut-il,
a décidé que sa capitale était Jérusalem, qu'il faut pour cela atrophier
l'importance des autres lieux du Pays des Hébreux !
En réalité, l'hypertrophie
de l'importance de Jérusalem aux yeux des Israéliens est un stratagème pernicieux,
induit par les ennemis d'Israël, pour développer en eux un réflexe de défense
de leur "capitale".
Jérusalem est ainsi
devenue une sorte de "chantage" aux mains des ennemis d'Israël :
"Nous sommes prêts à vous concéder la souveraineté sur Jérusalem, mais en
contrepartie, nous exigeons la création d'un Etat palestiniste arabiste-islamiste
(fantoche et artificiel) en Judée-Samarie et sur la bande de Gaza". Et le tour est joué ! Avec les ovations des
"puissances occidentales".
Ce stratagème de chantage
a déjà réussi avec Sadate qui a "exigé" le Sinaï en contrepartie de
la "paix". Comme si le Sinaï ne faisait pas partie intégrante du Pays
des Hébreux, comme si l'Egypte ne l'avait pas occupé illégitimement, et comme
si Israël était astreint à brader une terre lui appartenant de tout temps, pour
"avoir la paix" !
Voilà donc le piège
sournois dans lequel est tombé Israël, à cause de son attachement religieux à
Jérusalem.
La réponse à ce
traquenard est de déclarer immédiatement que chaque centimètre carré de toute
la terre des Hébreux appartient historiquement à Israël et qu'il n'y aura de
paix que lorsque cette terre lui sera restituée intégralement, Jérusalem
compris !
[5] En
dépit, ou peut-être grâce à l'absence de tout attribut divin - ni Arche d'Alliance, ni
Chérubins, et ni Tables de la Loi-, au
sein de son « Saint
des Saints », le
Second Temple de Jérusalem était-il plus 'céleste' que le Premier Temple de
David et Salomon ?
[7] Comme dans le
verset : « A moi la
vindicte et les représailles au jour où leur pied fléchira ». Deutéronome
35, 32.
[10] La prononciation Yerushalaïm
est tardive. Sa transcription avec le aïm de la dualité n'apparaît
que quatre fois dans la Bible et près
de 700 fois dans la forme Yerushalem .
[11] Il était courant alors
d'appeler les cités du nom d'un dieu local.
[12] Une louange au Dieu El et
à ses jumeaux a été retrouvée lors de fouilles
archéologiques sur le site d'Ougarit.
[14] Josué 10,
1.
[15] Çedeq =
Justice
[16] Juges, 1,
8.
[17] Bezeq =
Dieu de l'Eclair.
[18] Aux
origines d'Israël Ed. Bayard. Paris 2005.
[19] Du moins, telle que cette mise à sac est
relatée dans le Livre des Juges : 1, 8.
[20] L'ordre rédactionnel des 24 livres du corpus
biblique n'est pas chronologique. Par exemple, le Livre des Juges - le
plus ancien et dont la rédaction date du Xème avant J.-C. – ne se
trouve qu'après le Livre de Josué bien plus tardif (VIIème
avant J.-C.).
[22] Genèse 33, 18. Au Ier
siècle après J.-C., Rome saccagea la ville hébraïque de Sichem et y installa ses
légionnaires vétérans, en la rebaptisant « Neapolis
» (ville nouvelle). D'où l'actuelle Naplouse
en français, arabisée en Nablus.
[23] Il se pourrait fort en effet que l'un d'eux eût été un Samaritain, donc
opposé à la sanctification et au prestige de Jérusalem. Voir les travaux de Mikhah Yossef Berdichevsky (1865-1921) : Sinaï
et Grizim.
[24] En réalité à 11 tribus,
Moïse s'abstenant de bénir la tribu récalcitrante de Simon. Or Simon (Shim'on
en hébreu) n'est autre que Ismaël (Ishma'ël en hébreu), l’aîné d’Abraham décrit
dans la Bible comme homme du désert vivant de rapines. En fait, cet
éponyme désignait une tribu de semi-nomades du Néguev et du Sinaï affiliée à la
confédération israélite, et dont certains territoires furent intégrés au
royaume de Judah. Les 'sages talmudiques' attribuèrent le nom d'Ismaël à
toute population nomade, y compris arabe, bien que cette dernière n'a
absolument aucun lien avec Simon-Ismaël.
[25]Voir La Bible traduite du
texte original par les membres du Rabbinat français, sous la direction du Grand
rabbin Zadoq Kahn. Librairie Colbo. Paris 1966. Tout le long de l'ouvrage,
cette traduction sera privilégiée, sans toutefois être exclusive.
[28]Voir mon ouvrage Israël,
amour et désamour, Ed La Différence. Paris. 2013 ou
mon article : "Pour en finir avec l'usage du terme Palestine".
[31]Les lettres majuscules
n'existent pas en hébreu. Les voyelles non plus. Elles ne sont là que pour
faciliter la lecture.
super intéressant. je bois vos textes et explications
RépondreSupprimermerci
On apprend énormément dans ce long texte très ésotérique.
RépondreSupprimerUn point est particulièrement passionnant : celui où on apprend que la "Cité de Jébus" est la cité de la défaite et que Jébuséens est en fait un terme en hébreu qui signifie les défaits donc, si j'ai bien compris. Ce que j'ignorais. Ceci nous montre donc que les Jébuséens ne sont nullement une peuplade étrangère que les Israélites auraient chassé de leur terre mais qu'il s'agit d'hébreux eux-mêmes que dans cette fable biblique, David a surnommé les défaits, les perdants en somme. Dites-moi si j'ai mal compris quelque chose.
Je me souviens ainsi de George Montaron, éditorialiste antisioniste et à mon sens antisémite, du très antisioniste et anti-israélien journal Témoignage chrétien qui refusait toute souveraineté juive sur Jérusalem (nul ne parlait ni ne parle encore d'hébreu) au motif selon lui que Jérusalem appartient aux Jébuséens, qui donc aurait été massacrés par les Israélites. Aussi voulait-il faire de Jérusalem un îlot de souveraineté internationale (une absurdité tant historique que politique et juridique) pour les "trois religions monothéistes". Vous démontez par deux fois dans cet article cette idée d'internationalisation : par votre exemple sur Jeanne d'Arc en fin d'article, et par ce que vous nous dites sur les hébreux "défaits", les Jébuséens, qui n'avaient rien d'une peuplade étrangère.
A Meïr. Votre condensé de l'article est on ne peut plus précis. Quant à Montaron, ce clown ignare, il est de la même veine qu'un Garaudy qui s'est converti à l'islam. Il est capable de la plus vile propagande et des manipulations historiques les plus grossières et mensongères tant sa haine du peuple Hébreu et d'Israël, l'étouffe. Sans parler de son torchon "Témoignage chrétien" qui est autant chrétien que je suis musulman.
RépondreSupprimerDavid bonjour
RépondreSupprimerQue pensez vous de shlomo sand qui nie l'existence même du peuple juif.
Je pense que c'est une crapule idéologique de la pire espèce, qui exploite sournoisement l'erreur sémantique de l'usage de "juif" au lieu de "Hébreu", pour nier l'existence du peuple Hébreu, mais par contre pour reconnaître l'existence d'un pseudo "peuple palestiniste". C'est un collabo gaucho-bobo de nos pires ennemis, de la même trempe que les Netourey Qarta, dont il n'est d'ailleurs que la version laïque.
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