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Jérusalem, le piège mortel d'Israël !


L'organisation mafieuse appelée UNESCO sur laquelle règnent les Etats pétrodollars islamiques, a décidé dernièrement de trancher le cordon ombilical qui relie Jérusalem au judaïsme et à l'Etat d'Israël.

Et voilà tout le judaïsme en émoi. Même Binyamin Netanyahou, le dirigeant si pragmatique de l'Etat d'Israël est sorti de ses gonds pour nous faire son petit laïus – preuves archéologiques à l'appui – sur "le lien historique et antique indéfectible entre Jérusalem et le peuple Juif".
Comme si le monde ne le savait pas et comme s'il fallait en faire encore la preuve, alors que cela fait plus de 2500 ans, que les "Juifs" psalmodient – avec une ferveur inégalée - le fameux verset biblique : « Si je t'oublie ô Jérusalem, que ma main droite se dessèche, que ma langue se colle à mon palais si je n'évoque le nom de Jérusalem au sommet de mes joies ».
Mais, inconsciemment et involontairement, Netanyahou et avec lui l'Etat d'Israël, et même tout le judaïsme, sont tombés dans le piège que leur a tendu la propagande palestiniste arabo-musulmane et ses affidés occidentaux, y compris le gouvernement de François Hollande.
Pour saisir la portée de ce piège, il nous faut d'abord faire une analyse rétrospective historique sur Jérusalem.

I.                   Jérusalem, nombril de Dieu ou prépuce du Diable ? 
On l'adore ou on l'abhorre, on la vénère ou on la maudit, mais on ne peut y rester indifférent : « Ville centre du monde … Celui qui n'a pas vu Jérusalem n'a de sa vie jamais joui de la vue d'un site si admirable ». C'est ainsi que le Talmud[1] la présente.
Pour l'écrivain israélien Amos Oz par contre « Jérusalem est une vieille nymphomane… une veuve noire qui dévore ses partenaires au moment même où ils la pénètrent ».[2]
Antonin Carselva surenchérit avec sa sentence lugubre : « Jérusalem est sans doute le symbole le plus éclatant de l'échec de l'humanité… l'illusion grotesque d'un 'nombril' du monde »[3].
L'ambivalence moitié-ange moitié-démon de Jérusalem est plus fondée qu'il ne paraît de prime abord. Se pourrait-il alors que « Le Sanctuaire de Dieu » soit « L'Antre de Satan » ?
Déjà, Yeshou'a-Jésus, un obscur Hébreu galiléen, avait émis quelques doutes sur la 'sainteté' de Jérusalem, en renvoyant encenseurs et détracteurs dos-à-dos. Lors de sa fameuse rencontre avec la Samaritaine, autour du 'Puits de Jacob' en contrebas du Mont Grizim qui surplombe Sichem. Il affirma alors que « l'heure viendra où ce ne sera ni sur ce Mont et ni à Jérusalem que vous adorerez Le Père…! ».[4]
Jérusalem était-elle donc pour lui une « Pierre d'achoppement et de discorde » entre les hommes, plutôt qu'une « Maison de Paix ». Cette cité symbolisait-elle bien pour les contemporains de Jésus « Le site prédestiné de Yahweh, l'Eternel Roi des Cieux, pour concrétiser sur terre sa Shkhinah - Sa présence immanente » ? [5]  Ou aurait-elle été choisie de manière la plus prosaïquement et machiavéliquement politicienne qui soit par le Roi David, pour y fonder sa capitale royale, flanquée d'un Autel dégoulinant du sang innocent répandu des agneaux et autres victimes expiatoires ?
Toutes ces descriptions et sentences sur Jérusalem - qui résonnent parfois comme des clichés -, lui vont pourtant comme un gant. Etrange destinée de cet éperon rocheux et aride, juché sur une colline du fin fond de la Judée et qui aurait dû être ignoré pour continuer à somnoler sous son soleil de plomb !
Depuis 3000 ans, ce lieu n'a cessé d'attiser haines et convoitises, avec ses scandales, ses tumultes et ses crimes. Il demeure jusqu'aujourd'hui le mythe ultime, l'enjeu qui focalise tous les fantasmes monothéistes.
Il suffit qu'un illuminé judaïque, ou un 'allumé' évangélique chrétien, et encore plus, un provocateur fanatique islamiste, fasse sauter la 'Mosquée du Dôme' - érigée expressément sur l'ancien sanctuaire de Yahweh lors de la conquête arabo-musulmane du VIIème siècle après J.-C. dans l'intention d'humilier et de supplanter les deux religions précédentes -, pour que l'Apocalypse se déchaine et nous précipite dans son gouffre de soufre et d'uranium enrichi.
La Troisième Guerre Mondiale - après laquelle l'humanité ne se remettra plus jamais -, ne sera pas provoquée par un conflit interplanétaire entre les grandes puissances. Ni les ogives nucléaires d'Etats-voyous comme la Corée du Nord, le Pakistan ou l'Iran, ni la famine qui sévit en Afrique, ni l'émigration massive avec ses déplacements de populations qui submergent l'Europe, et même pas le réchauffement climatique qui fait trembloter les chaumières écologiques, ne sont à même d'engendrer 'l'Apocalypse'. Le doigt qui appuiera le bouton rouge de la déflagration globale est religieux. Il porte un nom : Jérusalem.
Jérusalem, ô Jérusalem, dont le nom, selon son étymologie hébraïque, peut se comprendre comme « Faisons la paix », représente paradoxalement et à elle seule le plus grand danger qui menace le genre humain. Une guerre qui mettra aux prises d'une part le "monde" arabo-musulman, et de l'autre, le "monde" chrétien.
La totalité de la confrontation entre ces deux théologies, y compris celle de leurs alliés, affidés, satellites ou mentors (principalement les judaïques qui se trouveront dans les deux camps), nous fera appréhender les Croisades du Xème au XIIème siècle après J.-C., comme des jeux d'enfants, des empoignades inoffensives. 
Est-il encore possible de démanteler le dispositif du détonateur, et neutraliser la bombe J comme Jérusalem, qui nous tombera sur la tête ?


Maquette du Temple de Jérusalem


II.                 Jérusalem entre mythe et réalité
Par une incroyable coïncidence dont les adeptes de l'étymologie populaire sont friands, la dichotomie acoustique 'paix et épée' de la langue française a son équivalence en langue hébraïque : Paix[6] se dit Shalom, tandis que Shilem englobe l'acception de vindicte, de vendetta, de représailles, de réparation, de 'faire payer' ou de 'rendre à quelqu'un la monnaie de sa pièce' (par le glaive ?)[7].
Nous sommes donc ici en présence d'un large champ sémantique qu'on peut appeler homonymies contradictoires. Ce qui nous pousse à rechercher l'étymologie véritable et historique de Jérusalem.
Sa racine tri-consonantique[8] est Sh-L-M. Elle transparaît dans la calligraphie hébraïque de son nom ירושלם , qui se prononce : Yerushalem. Ce nom est en réalité un mot composé, formé de l'impératif Yeru et du substantif Shalem. Sa traduction littérale est : « Lancez la pierre de fondation à Shalem ».
A partir de l'hébreu, les autres langues, proches ou éloignées, ont conservé cette structure de mot composé : اورشليم Ûrshalîm, en arabe, Gerusalemme en italien ou Hiérosolyma en vieux français.[9] La cité a été également désignée par des surnoms comme 'ir haqodesh « la ville de sainteté » ou Sion « site désigné », mais ces dernières appellations sont moins en usage et le nom hébreu originel Yerushalem[10], et ses variantes en langues étrangères, ont été partout privilégiées.
Or Shalem est aussi le nom d'une obscure divinité.[11] En effet, El (le Dieu suprême du panthéon hébreu-cananéen, une sorte de Zeus chez les Grecs), eut un rapport sexuel avec une mortelle et lui enfanta des jumeaux : Shahar (le croissant lunaire de l'aube) et Shalem (la pleine lune du crépuscule). [12]
Les anciens Hébreux, animistes, totémistes, et polythéistes, affectionnaient particulièrement les noms de ces deux jumeaux mi-dieux, mi-humains, avec une prédilection pour le second. On le retrouve par exemple dans celui du Roi Salomon (Shlomo en hébreu), fils de David ou celui de Salomé (Shlomit), la fille du prince Zerubabel.[13] De même, on remarque dans la liste des noms de la généalogie de Jésus, selon Matthieu et selon Luc, un certain Shalmon (en français Salmon), nom tiré de la même racine tri-consonantique. C'est dire sa popularité.
Pourtant, et aussi intéressante que soit l'étymologie de Jérusalem, son histoire est encore plus énigmatique, voire sibylline. Aux XXème et XIXème siècles av. J.-C., lors de l'occupation du Levant (en hébreu biblique Qedem, par opposition au couchant ou Canaan) et la vassalisation de ses roitelets, Jérusalem est mentionnée dans des fragments de textes pharaoniques dits « d'exécration ».
Son nom, transcrit en hiéroglyphes par Urushalimu, se trouve également parmi les archives royales d'Akhenaton découvertes à Tel Amarna et datant du XIVème siècle avant J.-C. On peut y lire la correspondance d'un roitelet de Jérusalem, un certain Ebed-Hiba (Serviteur désiré, en hébreu) qui, en tant que vassal du Pharaon égyptien, lui adresse un appel à l'aide désespéré afin qu'il le protége des 'Habirou' ou 'Apirou' : « Aux pieds du Roi, je suis tombé sept et sept fois… La terre du Roi est passée aux Habirou… Déjà, un bourg appartenant à Jérusalem est passée aux gens de Qiltu. Puisse le Roi écouter Ebed-Hiba son serviteur et envoyer des archers. »
La Bible[14] semble s'en faire l'écho et nous parle de « Adoni-çedeq[15], Roi de Jérusalem », en proie aux escarmouches des Israélites. Le livre des Juges[16] mentionne un « Adoni-bezeq[17]» pourchassé par les Israélites et qui succombe à Jérusalem. Ebed-Hiba, Adoni-çedeq, Adoni-bezeq, ne seraient-ils pas une seule et même personne ? Quant à Qiltu (méthatèse de Qitlu = massacreurs), faut-il voir des Israélites sous ce sobriquet ?
 Et qui sont ces terribles Habirou-Apirou ? Selon l'archéologue William Dever[18], ce nom octroyé péjorativement par les Pharaons égyptiens pour décrire des « rebelles, délinquants et hors-la-loi », désigne en réalité des Hébreux 'proto-israélites'. Il est à noter que la missive d'Ebed-Hiba fait usage du verbe 'passer'. Or en hébreu, 'passer' ('EBER) est de même racine que Hébreu ('IBRI), qu'on peut traduire par 'passeur de cols'. Est-ce à dire que ces passeurs de cols outrepassaient les lois ? Mais lesquelles ? Les lois du Pharaon évidemment ! En fait, ces "passeurs" n'étaient rien d'autre que des résistants à l'hégémonie égyptienne. D'ailleurs, jusqu'aujourd'hui, tout occupant étranger n'a de cesse que de dénigrer un résistant autochtone en lui attribuant le titre de "hors-la-loi".
Jérusalem apparaît également sur des tessons de poteries égyptiennes trouvées lors de fouilles archéologiques à Louqsor. La datation précise est ardue, mais il est certain que ces vestiges sont antérieurs de près de 500 ans à la mise à sac de Jérusalem incendié par les Fils de Judah au XIIème siècle avant J.-C. [19]
Ce sont donc des Judéens qui, pour la première fois dans l'Histoire, incendièrent Jérusalem, précédant de plusieurs siècles Nabuchodonosor le babylonien et Titus le romain ! Mais surtout, cela signifie qu'il existait bien une ville portant ce nom bien avant les dernières retouches à la rédaction du Pentateuque, estimée au VIIème avant J.-C.  Les innombrables anachronismes du Pentateuque trahissent en effet sa compilation tardive et en font une des moins anciennes parties du corpus biblique. Or, si Jérusalem est très souvent mentionnée dans presque tous les 24 Livres de la Bible judaïque[20], en particulier depuis le Livre des Rois, elle ne l'est pas une seule fois dans la Torah - le Pentateuque - attribuée (à tort) à Moïse.
Troublés par cette absence surprenante, les exégètes voulurent - en forçant quelque peu la littéralité du verset – voir la première mention biblique de Jérusalem dans un certain passage de la Genèse. Le premier des cinq Livres du Pentateuque nous parle certes de la rencontre du patriarche Abraham avec « Melkiçedeq, roi de Shalem, prêtre d'El elyon »[21], cependant, rien n'est moins certain que de conclure qu'il s'agit bien de Jérusalem. En effet, le livre de la Genèse situe expressément Shalem non pas en Judée mais en Samarie : « Et Jacob arriva à Shalem, ville de Sichem » [22].
Comment expliquer ce samaritanisme du Pentateuque (ou plutôt de ses rédacteurs et compilateurs anonymes[23]), livre qui est à la fois le fondement mythique du judaïsme, la référence caduque du christianisme, et le texte plagié de l'islam, bref l'origine des 'trois grandes religions monothéistes' ? Serait-ce que Jérusalem représente le trou noir amnésique du 'nombril mémoriel du monde' ?
Quoi qu'il en soit, ce mutisme sur Jérusalem-en-Judée demande quelques éclaircissements. Se pourrait-il que les rédacteurs-compilateurs du Pentateuque n'ont pas voulu se trahir en évoquant explicitement le nom d'une cité qu'ils croyaient ne pas exister à l'époque de Moïse ? Ou qu'ils redoutaient qu'un tel anachronisme ne porte préjudice à la construction théologique du Pentateuque ? Ces deux suppositions se tiennent. Cependant, s'ils surmontèrent le piège en ne mentionnant pas  nommément Jérusalem, ils laissèrent un mystérieux indice dans la fameuse bénédiction que Moïse adressa à chacune des douze[24] tribus d'Israël : « Sur Benjamin, il  dit : Bien-aimé de Yahweh, Il résidera avec confiance auprès de lui ; Il l'abrite toujours, et réside entre ses épaules. ».
La racine verbale ShKN qui revient deux fois dans ce verset et est traduit littéralement par résider[25], évoque une 'présence divine immanente' (la 'Shkhina'). En hébreu, il peut suggérer celle d'un sanctuaire. Or Jérusalem se trouve dans le territoire de la tribu de Benjamin, faisant charnière entre celui de Judah au sud et de Joseph au nord. Les rédacteurs-compilateurs du Pentateuque voulaient-ils ainsi nous dévoiler ce qu'il s'était tant efforcés d'occulter tout au long de leur ouvrage : le Temple de Jérusalem ?!
Mais rappelons une fois encore que l'ordre rédactionnel du corpus biblique est théologique et ne doit rien ou presque rien à la chronologie. Il est donc grand temps de revenir à cette dernière. On doit en effet au roi David l'initiative[26] de transporter à Jérusalem le tabernacle contenant les Tables de la Loi sur lesquelles étaient (prétendument) gravées les célèbres "Dix commandements transmis par Yahweh à Moise au mont Sinaï".
En vérité, cette Arche d'Alliance (Aron Habrith, en hébreu), n'était pas une relique sacrée surmontée de deux Chérubins mais un coffret rectangulaire contenant les noms des tribus ayant adhéré à la confédération nommée Israël (en fait Ishra-El). Ce coffret était tombé aux mains des Philistins, ces navigateurs Crétois et des îles de la Mer Egée qui opéraient des incursions meurtrières sur tout le littoral cananéen.[27] Durant trois siècles (avant d'être boutés hors du pays au Xème siècle avant J.-C.), ces Crétois furent les ennemis jurés des Hébreux. A tel point que leur nom biblique Philistins, et qui donnera bien plus tard (IIème après J.-C.) Palestine, signifie en hébreu : occupants, envahisseurs. [28] Voir sur ce point notre article Pour en finir avec l'usage du terme "Palestine".


 
III.              Jérusalem, Yahweh, le Roi David, ou le Tétragramme triangulaire
Selon la Bible, le Roi David - après avoir récupéré des mains des Philistins et mis en sécurité l'Arche d'Alliance -, se mit en tête de construire à Yahweh - le Dieu tutélaire et le garant de l'unité de la confédération israélite - une « Maison ». Et ce, afin que Yahweh qui le protégea de tant de dangers et de menaces lors de ses expéditions guerrières et ses tribulations politiques, puisse enfin se reposer. Yahweh était en effet fatigué d'être 'trimballé' d'un endroit à l'autre sous sa démontable et remontable Tente d'Assignation. Il aspirait à se sédentariser. Contre l'engagement de David de le loger en dur, Yahweh lui promit son alliance éternelle et de perpétuer sa descendance sur le trône d'Israël.
La royauté, héréditaire de surcroît, n'était pas une mince affaire à l'époque. Pour les Hébreux israélites foncièrement opposés à la monarchie et à toute autorité centralisée, c'était même un casus belli qui aurait dû déclencher les hostilités envers David. Pourtant, il semble qu'ils ne s'en offusquèrent guère. A moins que ce fût le narrateur biblique qui sût faire passer la pilule monarchiste avec un récit non dénué de charme populaire - David dansant presque nu devant l'Arche d'Alliance -, destiné à convaincre que cette élection davidienne ne changerait en rien les coutumes hébraïques anarchisantes.
Parallèlement à l'élection du Roi David par Yahweh que les exégètes prirent pour argent comptant avec un sérieux hallucinant (son intronisation en tant que 'Oint de Dieu', allait beaucoup plus tard devenir un modèle et une référence pour tous les Rois de France), la Bible nous relate son dévolu sur Jérusalem. Juché sur sa monture en face de Jérusalem ou Ville de Jébus - la place forte d'une mystérieuse peuplade 'les Jébuséens' -, le roi David en fit le siège.
Les Jébuséens l'avaient auparavant nargué en alignant sur les remparts de leur citadelle tous les aveugles et les boiteux de la ville, une manière sans doute de lui prouver qu'elle était inexpugnable puisque même des handicapés suffisaient à la défendre. Mais le rusé David s'introduisit dans l'enceinte de la forteresse en empruntant un boyau souterrain (d'égout ?) et s'empara de la ville. Dès lors, il la surnomma Citadelle de Sion ou Cité de David et il interdit à tout aveugle et boiteux, l'entrée du sanctuaire qu'il envisageait de construire (vers 1000 avant J.-C) et qui s'acheva avec la construction du Temple de Salomon, vers 950 avant J.-C, devenant ainsi la capitale politique et religieuse du royaume d'Israël unifié.
.La langue hébraïque nous révèle bien des choses dans ce récit folklorique, fantaisiste et non moins anachronique : Jébus (Yebous), signifie défaite. Les pseudo-Jébuséens ne sont donc pas une peuplade étrangère, mais des Hébreux vaincus et défaits par David. Il est invraisemblable qu'ils se soient eux-mêmes appelés ainsi, et encore moins qu'ils aient nommé péjorativement "Cité de défaite", leur forteresse montagnarde qu'ils croyaient imprenable.
Le narrateur biblique nous entretient alors d'un recensement (chose préalablement prohibée par Yahweh) entrepris par lui. En effet, le narrateur biblique, après avoir méticuleusement énuméré les vaillants guerriers de David, 'les 37 Preux', (le trente septième étant Urie le hétéen cocufié et secrètement exécuté par son roi et amant de son épouse), nous dit soudain que Yahweh se mit en colère et 'incita le cœur de David' à procéder au dénombrement de la population de Judah et d'Israël. Ce que fit David.
Mais pour le punir d'avoir obéi-à-l'injonction-de-transgresser-l'interdit-de-recensement (Yahweh est un tyran retors et compliqué), Dieu envoya son prophète, un nommé Gad[29], enjoindre David de choisir entre trois calamités : trois ans de famine, trois mois de défaites militaires, trois jours de Glaive de Yahweh, c'est-à-dire d'épidémie de peste.
David préféra tomber entre les mains de Yahweh, fut-il capricieux, plutôt qu'entre celles de ses ennemis humains. Il choisit la peste. Soixante-dix mille Israélites périrent.
Parvenu à Jérusalem, l'Ange exterminateur – le glaive de Yahweh - comptait y achever sa ravageuse besogne, lorsque David l'aperçut qui se tenait avec nonchalance devant la grange d'un quidam, répondant au nom d'Aronah le Jébuséen. David implora Yahweh : « C'est moi qui ai péché, je suis le seul coupable. Qu'ont fait ces brebis ? De grâce, que ta main ne frappe que moi et ma famille ». C'est alors que Yahweh eut pitié de la cité et de ses habitants. Il ordonna à l'Ange : « Assez ! Retire maintenant ta main ! » [30]
Le prophète Gad alla trouver le roi David, passablement troublé par la vision de l'Ange, une sorte d'épiphanie christique, et lui dit : « Elève un autel à Yahweh dans l'aire d'Aronah le Jébuséen ». David désira aussitôt acheter la grange et l'aire attenante pour le battage des grains de céréales.
Mais qu'y avait-il de si saint sous les bottes de paille de la grange d'Aronah ? Nous laissant sur notre faim, le Livre de Samuel s'achève là, sans nous le révéler. La tradition populaire prit le relais et lia les gerbes d'orge et de blé à la légende davidique messianique de Jérusalem : sous la grange, perché sur un monticule dont la forme arrondie évoquait un occiput, se trouvait la sépulture d'Adam, le premier humain ! Le site mythique reçut plus tard le surnom de 'crâne', golgoleth en hébreu, qui donna le fameux Golgotha des Evangiles, et du "second Adam" qu'était Yeshou'a-Jésus pour ses disciples.       
Quant à Aronah, sans se départir de sa flagornerie de péquenot balourd, il se révéla un négociateur redoutable et, presque sans avoir l'air, fit payer à David le prix fort. A tel point que notre narrateur-rédacteur de la scène (totalement fictive bien entendu) bafouilla et décerna à Aronah, le titre de …Roi, à la place de David !
La racine de ce nom hébreu - Aronah – possède deux sens : soit Arche (comme dans l'expression Aron ha Brith[31]= Arche d'alliance), soit un diminutif désignant la Lumière : Or ou Ornan. C'est d'ailleurs ainsi qu'il est transcrit dans le Livre des Chroniques.[32] Ce nom prédestiné, évoquant à la fois les "Tables de la Loi" déposées dans le Saint des Saints du Sanctuaire de Jérusalem, Les Ourim et Toumim (les pierres précieuses scintillantes du pectoral d'Aharon, le frère aîné de de Moïse et le Grand Cohen sacrificateur, selon la Bible), et même le Candélabre à sept branches éclairant les Chérubins, aurait pu et dû laisser libre-cours à l'imagination débridée des exégètes et aux élucubrations des mystiques. Mais il n'en fut rien.
A cause d'un a priori jébuséen, donc prétendument non hébraïque de son nom, ainsi que d'une vocalisation très tardive - et défectueuse -, dans la version dite massorétique de la Bible (au 10ème siècle après J.-C.), la plupart des exégètes se sont fourvoyés dans des hypothèses aussi fausses que néfastes : Araunah ou Aravnah, serait un prince … arménien !
Décidément, la nuisance de l'étymologie populaire est aussi passée par-là ! Or, Aronah n'est pas plus prince qu'il n'est Arménien ou Hittite ! Etrange et ironique destinée qui entacha le nom de ce modeste paysan : elle fit à la fois entrer cet hébreu païen - contre son gré - dans le panthéon monothéiste, et le gratifia d'appartenance quasi "aryenne".  Pauvre Aronah !




IV.              Le sionisme de Jérusalem
Le fait que David ait pris Jérusalem non seulement comme symbole de "résidence" de Yahweh et d'abri pour le Coffret d'Alliance de la confédération Israélite, mais surtout de capitale royale et donc politique, risquait de lui attirer l'animosité et l'opposition des autres tribus d'Israël.
Or Jérusalem avait été choisie par David comme capitale royale et religieuse afin justement d'éviter une telle animosité, opposition, ou frictions entre les tribus. Avec son emplacement dans le territoire central de la petite tribu de Benjamin, Jérusalem était censée faire fonction de zone tampon neutre, pour consolider la confédération tribale, menacée d'éclatement. Avec d'une part, un risque de sécession de la forte tribu de Judah au sud, et de l'autre la tendance à l'hégémonie de celle de Joseph sur les neuf autres tribus, au nord, à l'ouest et à l'est. Ce qui d'ailleurs arriva 50 ans plus tard, lors du schisme entre les royaumes de Judah et d'Israël.
Les pérégrinations de Jérusalem se poursuivirent tout au long de l'Histoire du royaume de Judah. L'autel que David érigea et qui fut l'emplacement du fameux Temple de Jérusalem de son fils le Roi Salomon, puis le Sanctuaire du Dieu ineffable du royaume de Judah et du judaïsme, tout cela fut détruit en 587 avant J.-C par les armées de Nabuchodonosor le Babylonien.
Et en 70 après J.-C., suite à la Grande Révolte des Juifs contre les Romains, lorsque Jérusalem-Sion fut transformée en bastion des patriotes et des résistants zélotes et sicaires, les Romains l'assiégèrent et la rasèrent définitivement ! Lors de l'insurrection de Bar Kochba en 132-135 après J.-C, l'empereur Hadrien la rebaptisa Aelia capitolina, et cela afin d'offenser et d'humilier la fibre patriotique du peuple hébreu vaincu.
Le Mouvement Hébreu de Libération (le "sionisme" révolutionnaire et laïque) sublima donc la rébellion du peuple et son aspiration à recouvrer son indépendance, sa souveraineté, et sa capitale historique et politique perdues. Non pas au nom de Jérusalem et de son aura de 'Ville Sainte", mais au nom de la justice historique.
Or, la multiple sacralisation des vestiges religieux de Jérusalem-Sion par le judaïsme (dont Le Mur des Lamentations, en hébreu, La paroi occidentale) et par le christianisme, puis par le conquérant musulman avec la Mosquée du Rocher, avait déjà eu son effet pervers.
Car c'est au nom de croyances religieuses que "l'internationalisation' de Jérusalem, une sorte de "Vatican du Proche-Orient des trois religions monothéistes", fut effrontément exigée, même par des Etats laïques comme la France, comble de l'absurde et du ridicule !
A cela, les Israéliens doivent rétorquer que ni la crucifixion de Jésus au Golgotha et ni le pseudo 'voyage' spirituel de Mahomet à Jérusalem, ne sauraient octroyer sur la capitale de l'Etat d'Israël, un quelconque droit aux chrétiens (et encore moins aux musulmans). Que diraient les Français, si des Israéliens adhérant soudain à la croyance en résurrection et à la divinité de Jeanne d'Arc, réclamaient l'internationalisation de Rouen, en arguant impertinemment du fait que c'est dans cette ville que La pucelle monta au bûcher !
Epilogue :
Cette confrontation entre Histoire et mythe religieux, est toujours d'actualité. Elle est même devenue fondamentale et vitale pour Israël. Car la grande erreur des Israéliens est d'avoir hypertrophié l'importance de Jérusalem, au détriment de toute autre parcelle de terre du Pays des Hébreux.
Or, pour un Hébreu, Massada, Hébron, Bethlehem, Sichem, le Mont Garizim, Shilo, Ephrat, Gilo, Megido, le Mont Tabor, Gaza, le Sinaï, le moindre kibboutz et moshav, le moindre bourg, et le moindre village, n'est pas moins "saint" que Jérusalem. Tous ces lieux ne sont pas "sacrés" au nom du divin, mais parce qu'ils font tout simplement partie intégrante de la patrie des ancêtres Hébreux. Et ce n'est pas parce qu'un roi, aussi "prestigieux" fut-il, a décidé que sa capitale était Jérusalem, qu'il faut pour cela atrophier l'importance des autres lieux du Pays des Hébreux !
En réalité, l'hypertrophie de l'importance de Jérusalem aux yeux des Israéliens est un stratagème pernicieux, induit par les ennemis d'Israël, pour développer en eux un réflexe de défense de leur "capitale".
Jérusalem est ainsi devenue une sorte de "chantage" aux mains des ennemis d'Israël : "Nous sommes prêts à vous concéder la souveraineté sur Jérusalem, mais en contrepartie, nous exigeons la création d'un Etat palestiniste arabiste-islamiste (fantoche et artificiel) en Judée-Samarie et sur la bande de Gaza".  Et le tour est joué ! Avec les ovations des "puissances occidentales".
Ce stratagème de chantage a déjà réussi avec Sadate qui a "exigé" le Sinaï en contrepartie de la "paix". Comme si le Sinaï ne faisait pas partie intégrante du Pays des Hébreux, comme si l'Egypte ne l'avait pas occupé illégitimement, et comme si Israël était astreint à brader une terre lui appartenant de tout temps, pour "avoir la paix" ! 
Voilà donc le piège sournois dans lequel est tombé Israël, à cause de son attachement religieux à Jérusalem.
La réponse à ce traquenard est de déclarer immédiatement que chaque centimètre carré de toute la terre des Hébreux appartient historiquement à Israël et qu'il n'y aura de paix que lorsque cette terre lui sera restituée intégralement, Jérusalem compris ! 

David A. Belhassen



[1] Traité Tanhuma, Qedoshim 10.  
[2] Récit d'amour et de ténèbres. Ed Keter. Tel Aviv 2002.  
[3] L'échec, anatomie d'un tabou, p. 29. Ed La Différence. Paris 2013.  
[4] Jean, 4, 21.
[5] En dépit, ou peut-être grâce à l'absence de tout attribut divin - ni Arche d'Alliance, ni Chérubins, et ni Tables de la Loi-, au sein de son « Saint des Saints », le Second Temple de Jérusalem était-il plus 'céleste' que le Premier Temple de David et Salomon ?
[6] Mais aussi plénitude, complétude ou achèvement.  
[7] Comme dans le verset : « A moi la vindicte et les représailles au jour où leur pied fléchira ». Deutéronome 35, 32.
[8] L'hébreu est une langue dont la plupart des mots viennent de racines tri-consonantiques.  
[9] Parfois abrégée en Solyma 
[10] La prononciation Yerushalaïm est tardive. Sa transcription avec le aïm de la dualité n'apparaît que quatre fois dans la Bible et près de 700 fois dans la forme Yerushalem .
[11] Il était courant alors d'appeler les cités du nom d'un dieu local. 
[12] Une louange au Dieu El et à ses jumeaux a été retrouvée lors de fouilles archéologiques sur le site d'Ougarit.  
[13] Chroniques I, 3, 19.  
[14] Josué 10, 1.  
[15] Çedeq = Justice  
[16] Juges, 1, 8.  
[17] Bezeq = Dieu de l'Eclair.  
[18] Aux origines d'Israël Ed. Bayard. Paris 2005.
[19] Du moins, telle que cette mise à sac est relatée dans le Livre des Juges : 1, 8.
[20] L'ordre rédactionnel des 24 livres du corpus biblique n'est pas chronologique. Par exemple, le Livre des Juges - le plus ancien et dont la rédaction date du Xème avant J.-C. – ne se trouve qu'après le Livre de Josué bien plus tardif (VIIème avant J.-C.).
[21] El Elyon = Dieu Très Haut.  Genèse 14, 18.
[22] Genèse 33, 18. Au Ier siècle après J.-C., Rome saccagea la ville hébraïque de Sichem et y installa ses légionnaires vétérans, en la rebaptisant « Neapolis » (ville nouvelle). D'où l'actuelle Naplouse en français, arabisée en Nablus.
[23] Il se pourrait fort en effet que l'un d'eux eût été un Samaritain, donc opposé à la sanctification et au prestige de Jérusalem. Voir les travaux de Mikhah Yossef Berdichevsky (1865-1921) : Sinaï et Grizim.
[24] En réalité à 11 tribus, Moïse s'abstenant de bénir la tribu récalcitrante de Simon. Or Simon (Shim'on en hébreu) n'est autre que Ismaël (Ishma'ël en hébreu), l’aîné d’Abraham décrit dans la Bible comme homme du désert vivant de rapines. En fait, cet éponyme désignait une tribu de semi-nomades du Néguev et du Sinaï affiliée à la confédération israélite, et dont certains territoires furent intégrés au royaume de Judah. Les 'sages talmudiques' attribuèrent le nom d'Ismaël à toute population nomade, y compris arabe, bien que cette dernière n'a absolument aucun lien avec Simon-Ismaël.  
[25]Voir La Bible traduite du texte original par les membres du Rabbinat français, sous la direction du Grand rabbin Zadoq Kahn. Librairie Colbo. Paris 1966. Tout le long de l'ouvrage, cette traduction sera privilégiée, sans toutefois être exclusive.
[26]Selon la Bible, voir Samuel II.
[27]Rappelant celles des Vikings en Normandie au Xème après J.-C.
[28]Voir mon ouvrage Israël, amour et désamour, Ed La Différence. Paris. 2013 ou mon article : "Pour en finir avec l'usage du terme Palestine".
[29]Le Dieu de la bonne fortune du panthéon hébreu-cananéen.
[30]Samuel II, chap 24.
[31]Les lettres majuscules n'existent pas en hébreu. Les voyelles non plus. Elles ne sont là que pour faciliter la lecture.
[32]Chroniques, 21, 15. 

5 коммент.:

  1. super intéressant. je bois vos textes et explications
    merci

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  2. On apprend énormément dans ce long texte très ésotérique.
    Un point est particulièrement passionnant : celui où on apprend que la "Cité de Jébus" est la cité de la défaite et que Jébuséens est en fait un terme en hébreu qui signifie les défaits donc, si j'ai bien compris. Ce que j'ignorais. Ceci nous montre donc que les Jébuséens ne sont nullement une peuplade étrangère que les Israélites auraient chassé de leur terre mais qu'il s'agit d'hébreux eux-mêmes que dans cette fable biblique, David a surnommé les défaits, les perdants en somme. Dites-moi si j'ai mal compris quelque chose.
    Je me souviens ainsi de George Montaron, éditorialiste antisioniste et à mon sens antisémite, du très antisioniste et anti-israélien journal Témoignage chrétien qui refusait toute souveraineté juive sur Jérusalem (nul ne parlait ni ne parle encore d'hébreu) au motif selon lui que Jérusalem appartient aux Jébuséens, qui donc aurait été massacrés par les Israélites. Aussi voulait-il faire de Jérusalem un îlot de souveraineté internationale (une absurdité tant historique que politique et juridique) pour les "trois religions monothéistes". Vous démontez par deux fois dans cet article cette idée d'internationalisation : par votre exemple sur Jeanne d'Arc en fin d'article, et par ce que vous nous dites sur les hébreux "défaits", les Jébuséens, qui n'avaient rien d'une peuplade étrangère.

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  3. A Meïr. Votre condensé de l'article est on ne peut plus précis. Quant à Montaron, ce clown ignare, il est de la même veine qu'un Garaudy qui s'est converti à l'islam. Il est capable de la plus vile propagande et des manipulations historiques les plus grossières et mensongères tant sa haine du peuple Hébreu et d'Israël, l'étouffe. Sans parler de son torchon "Témoignage chrétien" qui est autant chrétien que je suis musulman.

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  4. David bonjour
    Que pensez vous de shlomo sand qui nie l'existence même du peuple juif.

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  5. Je pense que c'est une crapule idéologique de la pire espèce, qui exploite sournoisement l'erreur sémantique de l'usage de "juif" au lieu de "Hébreu", pour nier l'existence du peuple Hébreu, mais par contre pour reconnaître l'existence d'un pseudo "peuple palestiniste". C'est un collabo gaucho-bobo de nos pires ennemis, de la même trempe que les Netourey Qarta, dont il n'est d'ailleurs que la version laïque.

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