"Mouchard"
est un vieux mot de la langue française, formé à partir de
"mouche" car cet insecte s'introduit partout.
Les
jeunes d'aujourd'hui diront "cafteur" ou "être une
balance" pour désigner quelqu'un qui dénonce son camarade, qui
fait usage de délation, qui le trahit, voire qui le "vend"
aux flics pour avoir fumé un "joint" etc…
La
raison de cette digression sur la langue française et son argot, est
dictée par l'analyse suivante d'un verset du Coran (54, sourate 3) :
وَمَكَرُوا
وَمَكَرَ
اللَّهُ
وَاللَّهُ
خَيْرُ
الْمَاكِرِينَ
Voici
sa transcription phonétique en lettres latines (les mots
soulignés et en gras sont ceux qui nous intéressent) :
wa
makaruw
wa makar
allah wa allah khayr al makiriyn
Ce
verset a à tel point éberlué les traducteurs du Coran en
français, qu'on peut trouver chez eux les variantes suivantes :
Sami
Aldeeb
:
Ils
complotèrent et Dieu complota ; Dieu est le meilleur des
comploteurs.
André
Chouraqui
:
Ils
rusent mais Allah ruse, Allah le plus habile des rusés
Régis
Blachère :
Ils
machinèrent, et Allah machina, et Il est le meilleur de ceux qui
machinent
Zeinab
Abdel Aziz :
Alors
ils rusèrent et Allah planifia ; Allah est le meilleur des
planificateurs.
Abd
Allah Penot :
Alors
ils usèrent d'artifices mais Dieu déjoua leurs ruses Dieu est le
plus fin des stratèges.
Le
premier traducteur parle de "complot", le deuxième de
"ruse", le troisième, de "machination", le
quatrième de "ruse" et "planification" (deux
significations pour le même mot !!), et le dernier de "artifice,
"ruse" et "stratagème" (trois significations
pour le même mot !!!).
Comment
expliquer ces grossières différences de traductions ?
Il
est ici évident que les deux dernières traductions sont en fait
des interprétations. Mais pourquoi ces deux traducteurs ont-ils
interprété ce verset plutôt que de se contenter de le traduire
fidèlement ?
Pour
le savoir, il faut d'abord connaître leur origine et leur
identité :
Zeinab
Abdel Aziz
est un exégète musulman qui enseigna à l'université islamique
d'El Azhar au Caire.
Abd
Allah Penot,
de son vrai nom Dominique Penot, est un français converti à
l'islam.
Leur
traduction-interprétation est par trop biaisée, apologétique,
et éloignée du sens premier du verset. Nous la rejetons.
Mais
quid des trois premières traductions ?
Sami
Aldeeb
est un arabophone athée dont la famille est originaire de
Betlehem, d'origine chrétienne, expert en "droit musulman".
Sa traduction se veut objective et le plus près possible du
texte.
André
Shouraqui
est un franco-israélien, un "judaïque" de tendance
rabbinico-talmudique, expert en arabe. Il a également fait une
nouvelle traduction du "Nouveau Testament". Sa
traduction se veut résolument "littérale".
Régis
Blachère
est un Historien français, professeur d'arabe à la Sorbonne. Sa
traduction mêle à la littéralité une analyse critique du texte
coranique.
Ces
trois traducteurs font usage de "complot", de "ruse",
de "machination", termes plus ou moins synonymes.
Mais
qu'en est-il au juste ? Et lequel des trois traducteurs a ciblé
au plus près ?
Pour
cela, il nous faut transposer ce verset dans son contexte : Il est
question de Jésus qui semble se plaindre d'avoir été victime
d'un complot. En somme d'avoir été "trahi" puis
"vengé" par Allah. Le Coran ne nous dit pas qui a
"trahi" Jésus. Néanmoins, il est évident que cette
accusation peut s'adresser aux notables du "Sanhedrin"
(Assemblée juridique) judéen de Jérusalem qui a jugé Jésus et
l'a remis entre les mains du préfet romain Ponce Pilate.
Cependant,
ce contexte est incapable de nous faire préférer telle
traduction à une autre.
La
solution que je propose est de retraduire ce verset en hébreu, en
prenant pour axiome indubitable que le Coran en arabe est un
(mauvais) plagiat de la Bible écrite en hébreu.
Voilà
ce que cela donne :
ומכרו
ומכר אללה ואללה עדוף במוכרים
|
Et
en transcription phonétique (les mots qui nous intéressent sont
soulignés) :
we
makruw
we makar
allah we allah 'aduf ba mokrym
Comparons
cette transcription phonétique latine de l'hébreu, à celle de
l'arabe :
wa
makaruw
wa makar
allah wa allah khayr al makiriyn
La
ressemblance est frappante, spectaculaire même ! Cette quasi
totale similitude est-elle "accidentelle" ou due
uniquement au fait que l'hébreu et l'arabe sont des langues plus
ou moins "proches". Ou alors, révèle- t-elle quelque
chose de bien moins anodin ?
Tout
d'abord attardons-nous à la racine de ces trois mots soulignés.
Ils sont formés à partir de la racine hébraïque MKR.
Cette racine verbale consonantique est très fréquente dans la
Bible ("Ancien Testament"). On y trouve près de cent
occurrences déclinées, dont 50 pour le seul Pentateuque (et
seulement 25 occurrences dans le Coran ) ! Et toujours dans le
sens de "vendre
quelque chose ou quelqu'un pour recevoir une contrepartie
pécuniaire ou autre"
!
Ainsi,
peut-on voir l'usage de ce verbe chez le prophète Amos (2.6),
lorsqu'il fustige les nantis :
'al
mikram
be kessef çadiq we 'ebion be 'abur na'alaym
Traduction
:
Ils
ont vendu
pour de l'argent le juste et l'humble pour des sandales…
Ou
bien dans le livre des Psaumes (105, 17) :
le
'ebed nimkar
yossef…
Traduction
:
Comme
esclave a été vendu Joseph
Ou
encore – en sermon quasi christique - chez le prophète Isaïe
(32, 3) :
hinam
nimkartem
we lo be kessef tigaaluw
Traduction
:
gratuitement
vous avez été vendus et ce n'est pas avec de l'argent que seriez
rédimés
Par
extension sémantique, ce verbe "vendre" prit aussi dans
la langue hébraïque une acception de "livrer quelqu'un à",
donc "moucharder", "dénoncer", "faire de
la délation", "trahir", mais non pas "comploter",
"ruser", ou "machiner".
Alors
pourquoi ce verbe hébreu qui signifie originellement "vendre"
est-il repris dans ce verset du Coran en arabe, par ce qu'il
semble être son extension sémantique dans l'acception de
"dénonciation", voire de "trahison" ?
La
réponse est simple : le rédacteur du Coran a entendu ce verbe
MKR
de la bouche de son rabbin-mentor talmudique qui lui a cité des
versets bibliques évoquant le sens originel de "vendre".
Mais
lorsque ce même rédacteur initial du Coran (Waraqah Ibn Nafl, un
judaïsant-christianisant proche de Muhammad) s'en fut également
écouter l'enseignement d'un prêtre du courant judéo-nazaréen,
celui-ci fit le lien avec le fait que, selon les Evangiles, Jésus
fut "vendu", "livré" au Sanhedrin puis à
Pilate, et donc "trahi" par les siens (le "baiser
de Judah le traître" ?).
Voir
par exemple, dans l'Evangile de Jean, chap 6, versets 64 et 71 :
Car
Jésus connaissait dès le début … celui qui le livrerait.
Il parlait de Judah le sicaire, fils de Simon ; car c'était lui qui devait le livrer, lui, l'un des douze.
De
là à y introduire la notion de "complot" et de
"conspiration" contre Jésus, il n'y avait qu'un pas à
franchir. Et il fut franchi !
Il
ne nous reste plus à présent qu'à traduire à nouveau le verset
du Coran, selon son acception judéo-nazaréenne, acception
qu'apparemment le rédacteur tardif du Coran comprit de travers,
jusqu'à "pondre" le verset aussi ignoble que scandaleux
suivant :
et
ils trahirent et trahit allah et allah est le meilleur des
traîtres
|
"Allah
le meilleur des traîtres" ! Le plus subtil des mouchards, des
délateurs, et des "balances" !
Voilà
le message récurent que les musulmans intériorisent –
inconsciemment ou consciemment – à la lecture de ce verset du
Coran. Comment s'étonner après cela qu'ils soient dénués de toute
moralité et de toute éthique humaniste ?
Comment
alors ne pas comprendre que la traîtrise, la dissimulation (la
taqyah),
les coups de poignards dans le dos, les camions-béliers, et
l'agression par surprise, soient devenus partie intégrante des mœurs
des musulmans et de la théologie-idéologie de l'islam !
David A. Belhassen
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