Révolte hasmonéenne |
Cette année, par les hasards hasardeux, cahoteux et chaotiques du
calendrier rabbinique, le premier jour de la fête de Hanoukkah coïncidera avec
la nuit de "Noël".
C'est donc l'occasion propice d'en faire l'historique et d'analyser comment
cette commémoration a été usurpée et récupérée par les rabbins pharisiens
talmudiques, et ce que cette fête est devenue sous leur houlette.
La source première de Hanoukkah (en fait "Hannoukat ha mizbéah",
qui signifie en hébreu, "Inauguration de l'Autel"), nous vient du
Livre I des Hasmonéens (appelé aussi en français Maccabées I).
Ce livre, écrit par un ancien soldat de "Judah ha Makkabi", -
donc le plus authentique et crédible qui soit - nous relate en détail et
fidèlement tous les combats - y compris quelques défaites - que les résistants
Israélites opposèrent aux occupants Grecs, jusqu'à la victoire finale et
jusqu'à les bouter définitivement hors de leur patrie au IIème siècle avant
J.-C.
C'était donc avant tout une Guerre de Libération !
Cette guerre de libération populaire avait aussi certaines connotations
religieuses. En effet, les occupants Grecs avaient investi Jérusalem, et même
avaient "souillé" le Sanctuaire de Yahweh et son Autel.
Lorsque les résistants de l'armée populaire de Judah ha Makkabi, libérèrent
le Sanctuaire et "purifièrent" l'Autel, ils décidèrent de commémorer
ce jour, le 25 du mois de 9ème mois de "Kislew", en
instaurant une fête pour les générations à venir. (Livre I.Hasmonéens, chap 4).
Le livre II des Hasmonéens, donc écrit un peu plus tard, nous donne une
explication sur la durée des "huits jours de Hanoukkah". Il nous dit
que Judah ha Makkabi et ses soldats se souvinrent que cette même année, ils ne
purent célébrer "la Fêtes des Huttes" (en français, "Fête des
Cabanes" ou Fête des Tabernacles"), qui durait 8 jours (y compris le
dernier jour, appelé "Huit de rassemblement"). Ils prirent donc
l'engagement exceptionnel et ad hoc de célébrer la "Fête des
Huttes" du septième mois, en la déplaçant au neuvième mois, mais de
conserver la " Fête de l'inauguration de l'Autel" durant huit jours,
dès le 25 du neuvième mois pour les générations à venir. (Livre II. Hasmonéens,
chap 10).
Bien que cette victoire à Jérusalem, ne constitua qu'un
épisode de toute la révolte, et qu'il fallut encore attendre vingt ans de
combats acharnés jusqu'au recouvrement de la souveraineté israélite dans toutes
les limites de leur patrie, célébrer "Hannukah" est donc
avant tout une sorte de commémoration de la "Déclaration d'Indépendance
d'Israël", qui précéda de plus de 2100 ans, la "Déclaration
d'Indépendance de l'Etat d'Israël", que prononça Ben Gourion en 1948 !
Dans ce Livre I des Hasmonéens, il n'est nullement question de
"miracles divins", mais d'escarmouches, de combats acharnés contre
l'occupant, et d'efforts humains, "trop humains".
Et qu'à fait – plus de trois cent ans plus tard ! -, le judaïsme pharisien
rabbinique de cette guerre de résistance ? Un récit enfantin et débile sur le
"miracle" d'une fiole d'huile alimentant le Candélabre du sanctuaire
et qui se serait consumée en huit jours au lieu d'un seul. (Voir Meguilat
Ta'anit et Traité "shabbat" du Talmud dit
"babylonien")
Sofganiot et bougies |
Il est à noter que la compilation mishnaïque rabbinique fin IIème siècle-début
IIIème siècle après J.-C), nous abreuve d'exégèses et de "décrets
d'Halakhah" sur Pourim et leur "Méguilat Esther", ce livre
scabreux, obscène, orgiaque, et sordide qu'ils ont concocté pour faire pendant
et concurrence à Hanoukkah qu'ils voulaient abolir. Par contre, cette
compilation mishnaïque n'accorde même pas un traité à Hanoukkah ! Elle l'ignore
totalement et intentionnellement ! Elle a même réussi à extirper le Livre I des
Hasmonéens du Canon biblique pour y introduire à sa place et subrepticement
"le Rouleau d'Esther".
Pour quelles raisons ? Tout d'abord, parce que la fête de Hanoukkah était
célébrée par le courant des Sadducéens, qui la considéraient comme une
commémoration sacrée, et qui refusaient de fêter "Pourim" qu'ils
avaient en horreur, tant le "Rouleau d'Esther" contredisait leurs
valeurs et leurs principes de Cohanim et d'Israélites, fiers et patriotes. Et
ensuite, parce que Hanoukkah était une commémoration de résistance contre
l'occupant étranger, et que les rabbins pharisiens ne voulaient surtout pas se
mettre à mal avec leurs maîtres Romains, dont ils étaient les fidèles collabos
!
Entre parenthèses, cette commémoration de Hanoukkah est mentionnée à la fin
du Ième siècle après J.-C, par Yossef Ben Mattytyahou (Flavius Josephe) dans
son livre "Antiquités juives" (livre 12, chap 7). Il l'appelle "
Fête du feu" en évoquant le feu "sacré" allumé pour la
combustion des sacrifices d'animaux sur l'Autel du Sanctuaire de Jérusalem.
Hanoukkah est également mentionnée dans
l'Evangile de Jean (10.22) où elle
est appelée « Fête de la Dédicace » de l'Autel. Jean nous
relate, le plus naturellement au monde, que Yeshou'a- Jésus "monta" à
Jérusalem pour la célébrer et que c'était l'hiver, donc bel et bien la date du
25 du mois de Kislew. Ce qui est une référence indubitable non seulement de la popularité de cette
commémoration, mais aussi que le Livre I Hasmonéens était considéré par
Yeshou'a-Jésus comme inspiré, donc "biblique" !
Quant à la "Guemarah" (la partie du
Talmud qui interprète la Mishnah), compilée au IVème-Vème siècle après J.-C,
elle adopte posture "schizo" à l'égard de Hanoukkah. Si cette
commémoration est totalement absente de la compilation dite du "Talmud de
Jérusalem", elle est bel et bien présente dans celle dite du "Talmud
de Babylone".
Le premier (Talmud de Jérusalem) fut compilé principalement vers le Vème après J.-C, et le second (Talmud de Babylone) fut compilé près d'un siècle plus tard. Il y a peu de différences entre les deux Talmuds, si ce n'est en volume, et tous deux sont représentatifs de l'enseignement pharisien de la "Maison de Hillel" et s'opposent à l'enseignement de la "Maison de Shammaï", plus porté sur le patriotisme.
Le premier (Talmud de Jérusalem) fut compilé principalement vers le Vème après J.-C, et le second (Talmud de Babylone) fut compilé près d'un siècle plus tard. Il y a peu de différences entre les deux Talmuds, si ce n'est en volume, et tous deux sont représentatifs de l'enseignement pharisien de la "Maison de Hillel" et s'opposent à l'enseignement de la "Maison de Shammaï", plus porté sur le patriotisme.
Certes, le Talmud de Babylone édulcore cette
commémoration et en fait une fête du "miracle" de la fiole d'huile.
Néanmoins, comment expliquer que le Talmud de Babylone enfreint la Mishnah en
évoquant Hanoukkah si exécrée par les pharisiens ?
La raison est que des Israélites exilés et restés
en Babylonie, eurent vent de l'héroïsme de la révolte des Hasmonéens, et
ensuite des révoltes héroïques anti-romaines, et en particulier celle de
Bar-Kokhbah. En effet,
ces Israélites exilés en Babylonie, mais ayant conservé une fibre patriotique,
ont commencé à poser des questions aux rabbins pharisiens des Yeshivots de
Babylone : Comment se fait-il qu'en Israël, non seulement les sadducéens (et
tous les autres courants, y compris les pharisiens de la "Maison de
Shammaï", mais hormis les pharisiens de la "Maison de Hillel"
!), célébraient la commémoration de l'héroïsme des Hasmonéens, et que seuls les
pharisiens "hilléliens" de Babylonie l'ignoraient ?
Cette
remontrance populaire qui commença à se profiler vers le II-IIIème siècle après
J.-C s'amplifia lorsque des nouvelles fraiches d'Israël arrivèrent en Babylonie
au IVème siècle après J-.C, et annoncèrent l'imminence de la possibilité de reconstruction
du Temple de Jérusalem - donc d'une sorte de nouveau "Hanoukkah" -
avec l'accord de "Julien l'apostat", l'empereur Romain défavorable
aux chrétiens et favorable aux "Juifs". Le silence des pharisiens de Babylone face à ces expressions
de ferveur "nationale", les firent douter du "patriotisme"
des pharisiens. Ils leur demandèrent des "comptes". C'est alors que
les pharisiens n'eurent d'autre choix que de leur "montrer patte blanche",
en évoquant du bout des lèvres la révolte hasmonéenne, tout en la
métamorphosant en "miracle de la fiole ".
Il est
ici à noter que la polémique théologique entre Beth Hillel et Beth Shammaï
concernant l'ordre d'allumage des bougies, reflète cette pression populaire.
Car Beth Hillel privilégiait un allumage en crescendo. Et Beth Shammaï en
ordre contraire. Bet Shammaï décréta que - en souvenir des sacrifices de la
fête de Souccoth que les Hasmonéens ne purent célébrer à la bonne date, mais
seulement au mois de Kislew de Hanukkah, (donc comme ce qui est affirmé dans le
Livre II des Hasmonéens !) – il était impératif d'allumer huit bougies le
premier jour et une seule au dernier, tout comme au huitième jour de la fête de
Souccot qui était célébré par un seul sacrifice (donc une seule bougie) sur
l'Autel du Sanctuaire de Jérusalem.
Et depuis, et jusques aujourd'hui, les Juifs du
monde entier sont bernés par l'usurpation pharisienne de l'héroïsme de nos
ancêtres Hébreux Israélites du courant sadducéen, et la récupération rabbinique
de la commémoration de Hanoukkah, pour en faire une orgie consommatrice de "boustifaille
de gâteaux à l'huile", sinon en jeux de toupie pour les gosses !
David Belhassen
Monsieur David votre sérieux et votre cynisme me mettent dans un état proche de l'éthylisme.
RépondreSupprimerComment expliquez-vous qu'un enfant trouve concevable un âne qui parle dans un film et pas un adulte?
Les miracles ont de nécessité la symbolique qu'ils génèrent.
Pourquoi brisez vous cela?
Nejma
A Nejma. je brise cela parce que, malheureusement, ce ne sont pas d'innocents enfants qui dirigent le monde, mais des adultes cruels, sournois, avides de pouvoir, et qui exploitent "la symbolique de ces miracles", pour assouvir leur volonté inextinguible de puissance !
RépondreSupprimerCertes David mais ce n'était pas là où je souhaitais vous emmener.
RépondreSupprimerConnaissez-vous
Discours sur les Miracles de John Locke
Je ne connais pas ce discours de Locke. Mais tout concept de mythe, de légende, de récit de miracle, de "pensée symbolique", a été, et est à mon avis, néfaste pour l'humanité, car il laisse grande ouverte la possibilité de manipulation des esprits.
RépondreSupprimerJustement David allez lire son discours il est redoutable dans la critique du sacré.
RépondreSupprimerVous allez certainement apprécier.
Les hommes,s’inventent par eux-mêmes des idoles devant lesquelles ils s’agenouillent. Opinions ridicules, vaines, absurdes, fantasques, vis-à-vis desquelles, non seulement, ils arborent un respect déplacé, mais acceptent même parfois de se battre ou de mourir pour les défendre. Ils ne voient pas que leurs principes sont issus d’eux-mêmes et ils entraînent Dieu dans leurs adhésions aveugles. Ce qui n’est autre qu’éducation, habitude passive, n’a rien de principes innés.
RépondreSupprimerC'est ce qu'on appelle : "Et l'homme créa Dieu à son image"...
RépondreSupprimerC'est de Locke David pas de moi il demonte très bien le concept de miracle et vous devriez le lire.
RépondreSupprimerDavid pourquoi y a t'il eu plusieurs Talmud?
RépondreSupprimerNejma. Je lirai Locke attentivement, ne vous en faites pas. Et pour répondre à votre deuxième question, il y a deux talmuds. L'un, rédigé à Babylone, d'où son "Talmud babylonien", et l'autre (moins complet rédigé à Jérusalem, d'où son nom "Talmud jérusalémite". Il y a en fait peu de différences entre ces deux compilations, qui sont une exégèse de la "Mishnah" pharisienne. Et la raison de l'existence de ces deux talmuds est que le courant pharisien, d'origine exilique babylonienne, s'est plus tard implanté en Israël.
RépondreSupprimerD'accord et lequel des deux a plus disons d-autorité ?
RépondreSupprimerLe Talmud babylonien.
RépondreSupprimerSont ils rédigés dans la même langue?
SupprimerJe suppose que non mais lequel est plus contraignant ?
Les deux talmuds sont rédigés dans la même langue : l'araméen judaïque, et non pas en hébreu. Il y avait quelques différences mineures entre le dialecte araméen des judaïques pharisiens de Babylone et celui des judaïques pharisiens d'Israël, ce dernier ayant été un peu plus influencé par l'hébreu. Mais c'est tout. Donc pas grand chose.
RépondreSupprimerVous suivez le cheminement de Diderot.
RépondreSupprimerA Anonyme. C'est peut-être le cheminement de Diderot. Mais c'est surtout celui de l'analyse historique, de la logique et du ratio.
RépondreSupprimerAprès m'être régalé d'Allah-Hebdo sauce Corleone, je déguste ici un nouvel article qui explose en bouche.
RépondreSupprimerVotre plume est affutée comme j'aime, David. Un côté "je ne suis pas venu apporter la paix mais l'épée" dénué de prosélytisme car, que celui qui a des narines pour sentir sente, vous exhalez le factualisme honnête qui ramène l'homme à ce qu'il est : une circonstance historique parmi d'autres.
De si nombreux égarés semblent ne pas bien comprendre qu'il n'est de société humaine heureuse que celle qui se contente d'être elle-même sans en appeler à un justicier immanent caché derrière les étoiles, infoutu de se faire entendre autrement que par de la grossière gravure sur pierre ou l'envoi d'un ange sans papiers...
Oui, revenons aux petites peuplades d'antan et débarrassons-nous de tous ces œcuménismes religieux qui, même morts, se survivent par mutation au travers du mondialisme séculaire (ONU, UNESCO, etc.).
Merci pour vos publications, David. C'est du très bon. Pour ce qui est du pharisianisme et du talmudisme afférent, vous êtes le meilleur iconoclaste qui soit, entre autres talents.
Vous allez me faire rougir, Anonyme ! Ce qui serait assez incongru pour un iconoclaste de mon espèce. Mais le coeur a ses raisons que la raison ignore ! En tous cas, un grand merci ! C'est un peu enfantin de ma part, mais même à un âge avancé, j'avoue que j'ai parfois besoin d'une petit "coup de pouce", pour continuer.
RépondreSupprimerIl est vrai que vous écrivez très bien Monsieur et c'est en plus très intéressant.
RépondreSupprimerDavid bonsoir
RépondreSupprimerj'ai besoin de votre avis. Demain soir notre oratoire tunisien ateret moshé nous allons recevoir le rav (lol) benchetrit très connu en France pour son érudition, pour une conference sur les lumières de hanouka.
J'ai imprimé votre texte et imprimé aussi les references sur les livre des hasmoneens ou machabés que vous indiquez dans votre commentaire sur hanouka. Question pensez vous que je puisse donner vos arguments sur l'usurpation des pharisiens de cette fete sans vous citer bien sur .
merci beaucoup pour votre réponse.
ps :je me suis régalé à la lettre de votre texte
Bonsoir Alain. Oui, volontiers. Vous pouvez également me citer, si besoin est. Certes, il me semble connaître à l'avance ses réponses, et j'aurais voulu être présent pour lui porter la contradiction, mais laissons les choses se faire d'elles-mêmes. L'important, c'est d'avoir le courage de se remettre en cause et en question.
RépondreSupprimermerci de votre encouragement
RépondreSupprimerJ'éspere vous voir lors de mon prochain passage en israel au mois de mars prochain.
J'y serai pour faire la fête de pourim avec mes petits enfants sabras
Bonjour Alain. J'espère moi aussi vous voir. Et à l'occasion, je vous remettrai un long article d'analyse critique sur "Pourim".
RépondreSupprimerDavid bonjour
RépondreSupprimerj'ai eu une discussion avec mon frère qui est devenu loubavitch après sa bar mitzva, (je me demande encore pourquoi aujourd'hui) sur hanouka et las oh ma surprise il a reconnu qu'effectivement en lui faisant lire les chapitres du livre des hasmonééns, il a eu un doute . Il a chercher une guemara puis m'a avoué qu'il n'y en avait pas pour la fete de hanouka mais une pour pourim. Alors débat amical entre fréres, il a cher cher en hebreux les passages en hebreux des references que vous avez indiqué, à ma grande surprise il s'est lui meme posé cette question pourquoi avoir inventé l'histoire de la fiole d'huile. J'ai quand même remarqué leur presque ignorance de leur part des saducééns qu'ils traitent d'ailleurs d'usurpateurs et d'hellenistes.Voila je voulais vous en faire part car avec le rabin de lundi dernier impossible de communiquer avec lui
chabbat chalom
Bonjour Alain. Cela prouve que votre frère est ouvert d'esprit, et qu'il est intègre dans sa recherche de la vérité. Ce qui n'est pas le cas de la plupart des rabbins. Concernant leur animosité et leur haine envers les sadducéens qu'ils ne cessent de calomnier, à l'occasion j'écrirai un article à ce sujet. Bien à vous.
RépondreSupprimerj'attends avec impatience votre article sur les saducééns
RépondreSupprimerbien à vous
oui
RépondreSupprimerJe viens de découvrir votre blog. Je n'ai presque rien lu et je n'ai aucune opinion sur son contenu.
RépondreSupprimerVous faites un article sur 'hannoukah et j'en profite pour transmettre un jeu de mot de mon cru.
Tout le monde connait le dicton : l'argent est le nerf de la guerre ... sauf en Israël!
En fait avec le miracle de 'hannoukah on pourrait dire : le nescafé est le nerf contre la guerre.
Petit arrangement hébraïsant : le ness kafhé le ner conte le guer. Le miracle du 25 kislev est la lumière contre l'étranger.
Bonjour AntiPravda. Je crains fort que vous ne soyez déçu après la lecture de mon article. Il n'y mentionne aucun "miracle".
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