Préambule
Le
processus de décolonisation est loin d'être achevée. On
peut même dire qu'il n'a pas encore débuté. Car la
décolonisation doit avant tout être interne. Or, dans
tous les Etats-nations, qu'ils soient démocrates ou
ploutocrates, progressistes ou obscurantistes, la
colonisation demeure jusqu'aujourd'hui.
Des
centaines de "petits peuples" et de "petites
ethnies" se sont vus absorbés par les "grandes
nations". La "Déclaration des Droits de
l'homme" (et de la femme) ainsi que la reconnaissance
des droits légitimes à l'auto-détermination, à
l'indépendance, et à la souveraineté, ne semble pas
devoir les concerner.
Le
rouleau-compresseur des Etats-nations
visant à englober toutes ses composantes ethniques, dans
un même creuset uniforme et pseudo unificateur, et pour un
même destin, poursuit son inexorable parcours asphalté.
Le droit à la différence culturelle et linguistique,
n'est toléré que s'il ne s'accompagne pas du droit
naturel d'une ethnie à se forger une identité dans un
cadre politique souverain. Une telle revendication est
alors considérée comme une sécession unilatérale donc
illégale, illégitime, et qu'il faut réprimer par la
force, les armes, et la violence.
Imprégnés
de l’héritage nocif du XXème siècle, les Etats-nations
restent persuadés de leur mission ‘civilisatrice’,
censée contrebalancer les aspects désastreux du
colonialisme. Mais certains petits peuples et petites
ethnies s'entêtent à refuser de troquer leur identité
contre un consensus artificiel et oppressif prétendant
"unifier" l’Humanité sous une même égide
universaliste.
Ces
petits peuples et ethnies ne considèrent pas "La tour
de Babel" comme une calamité, mais comme un bienfait.
Ils ne veulent pas d'un monde avec 5 ou 6 langues justes
bonnes à servir aux "médias", mais ils aspirent
au contraire à leur particularisme linguistique et au
foisonnement des idiomes. Contre toute attente, ils
aspirent à la sauvegarde de leur identité ethnique et
culturelle, à leurs valeurs et leurs terres ancestrales.
Et
que l’on ne s’y trompe pas ! Il ne s'agit pas d’une
simple revendication à un vernis
vernaculaire local-régional
sur un fond "national" homogène et monolithique.
Mais bel et bien d'une volonté politique de retour à
l’identité originelle plutôt qu’à celle imposée par
l'envahisseur. C'est la manifestation tenace d'un refus des
"vaincus" à accepter le « verdict de
l’Histoire » des "vainqueurs" ou à
‘épouser’ ses valeurs sous prétexte d'une supériorité
militaire
de ces derniers, comme si celle-ci impliquait
nécessairement une supériorité de civilisation.
C’est
encore le refus de se voir qualifiés de pièces
de musée,
de fossiles et de vestiges destinés à des travaux
anthropologiques. C’est enfin le refus de se trouver
agglutinés en un seul et même Etat-nation, lui-même né
de la prédation colonialiste et du dépeçage de
territoires conquis et occupés par les "grandes
puissances" d’antan.
C'est
alors que les grands Etats-nations découvrent - avec
étonnement - que des peuples et des ethnies qu'ils
croyaient avoir abrasé, existent encore, quoique souvent à
l’état de lambeaux.
L’idée
d’une résurrection de ces peuples prétendument
‘condamnés par l’Histoire’ est inacceptable pour les
Etats-nations. Comment peut-on - disent-ils - envisager de
restituer la souveraineté et avec elle les terres
'confisquées', aux Aborigènes bushmens
d'Océanie,
aux "Natives" d'Abya
Yala
(appelés de manière colonialiste injurieuse
"Amérindiens"), aux Amazighs d'Afrique du Nord,
aux Arméniens d'Anatolie, aux Basques et aux Bretons, aux
Catalans et aux Corses, aux Kurdes et aux Coptes, aux
Assyriens et aux Araméens, aux Dinkas et au Sud-Soudanais,
aux Inuits et aux Kogis, aux Tamils et aux Tibétains, aux
Yazidis, aux Shabbaks, et aux Lazes et bien d'autres encore
?!...
Le
« droit du plus juste » signifie qu'un peuple le plus
anciennement reconnu comme ayant vécu sur une terre, et
par là-même prouvant son statut authentique d'autochtone
et d'indigène, donc peuple premier,
doit bénéficier d'une antériorité
de ses droits historiques face au nouveau-venu !
Face
à la vision prédatrice de jadis de « la
loi
du plus fort
»
se dresse désormais la notion d'antériorité des droits
historiques et du « droit
du plus juste
».
Un droit inaliénable et imprescriptible des peuples et
ethnies autochtones et indigènes à assumer leur choix
d’existence, à s'autodéterminer d'une manière libre et
souveraine, à récupérer leur identité occultée, à
jouir de la restitution de leur patrimoine culturel et
linguistique dont ils ont été spoliés et dépouillés, à
concrétiser leur droit
de propriété
sur leurs terres ancestrales, et à rétablir la vérité
historique.
Afin
de leur nier et aliéner ce droit, les Etats-nations des
puissances conquérantes arguent de la difficulté à
déterminer qui est vraiment le peuple premier d'une
contrée, et que depuis la "Préhistoire" il y
eut des "brassages de peuples".
Mais
cette argutie ne tient pas. Car il faut bien distinguer
entre ce qui se passa au fil du temps de manière naturelle
et acceptée, par le biais du flux de pacifiques migrations
"préhistoriques", de ce qui s'est fait par la
force, la violence, l'invasion, la conquête, la volonté
délibérée d'écraser une population autochtone afin de
la supplanter. On ne peut décemment camoufler en "conflits
de voisinage" ce qui est en réalité une occupation
brutale et la soumission de la population qui y vivait
depuis l'éternité des temps.
C'est
pourquoi la revendication d'un peuple premier
à recouvrer sa terre et son identité, aussi lointaine et
occultée fût-elle, ne doit plus être ignorée. Ces
peuples et ethnies qui aspirent à la justice historique,
refusent de faire démarrer l’Histoire après toute
conquête, parce qu’un tel point de départ devient
immédiatement un moyen de ‘naturaliser’ le conquérant
arrivé peu avant sa ‘mise à zéro’ du compteur de
l’Histoire.
Ceux
qui parmi les autochtones sont à ce point aliénés par
les conquérants qu'ils s’identifient aux valeurs et à
l'identité des bourreaux de leurs ancêtres - et la chose
est malheureusement possible - n'ont nullement le droit
d'imposer leur identité d'emprunt à leurs frères restés
fidèles à leur origine. Et quant à ceux qui sont les
descendants d'envahisseurs, ils sont invités à adopter la
culture autochtone et l'identité indigène s’ils veulent
rester sur la terre sur laquelle ils sont nés. Sinon, ils
seront "invités" à rejoindre leurs pays
d'origine.
Certes,
dans un monde encore régi par le concept dévoyé et
prédateur d'Etat-nation,
qui prétend d'une part uniformiser des populations
hétérogènes, et de l'autre à scinder artificiellement
et au gré des "conjectures" et "contingences
" colonialistes un peuple homogène en deux entités
étatiques, le « droit
du plus juste
»
semble irréaliste et 'utopique'.
Mais
il y a un point du globe où un peuple a déjà montré la
voie à cette ‘utopie’ qui, au XXIème siècle,
renversera « l’ordre mondial » et son
prétendu
«
cours
de l’Histoire
» fondé sur l'injustice.
L'existence-même
du peuple Hébreu et son idéal de justice - rappel vivant
des crimes perpétrés par les Etats-nations colonialistes,
impérialistes, et prédateurs -, la réussite de son
entreprise de retour au pays des ancêtres, la
"résurrection" de sa langue, la récupération
de sa souveraineté par la déclaration d'Indépendance de
l'Etat d'Israël, tout cela est un camouflet à « la
loi
du plus fort
»
.
C'est
pourquoi le peuple Hébreu se doit aujourd'hui de brandir
le flambeau et l'oriflamme des peuples
premiers,
et à leur proposer la signature d'une « Charte
des peuples du quart-monde
»,
dont voici les dix articles fondamentaux :
Article
I :
Tout
peuple premier est légitimement en droit de revendiquer et
récupérer ses terres ancestrales et son pays dans toutes
les limites de ses frontières naturelles et historiques.
Il détient exclusivement le droit légal sur sa Patrie.
Article
II :
La
pérennité de la présence et des droits historiques d'un
peuple premier sur sa terre n'est pas atteinte par le fait
que beaucoup de ses membres en ont été bannis par
l'occupant et ont été obligés de s'exiler.
Article
III :
Tout
peuple premier a le droit de s'autodéterminer dans un
cadre politique et étatique souverain et d'y proclamer son
indépendance.
Article
IV :
Tout
peuple premier a le droit de faire sécession unilatérale
lorsqu'il est englobé contre son gré dans un Etat-nation
ou une fédération et confédération ayant usurpé ses
droits et ayant été fondée sur la force et la violence.
Il
appellera à l’auto-désintégration de tous les
Etats-nations fantoches qui se sont créés sur sa terre
ancestrale.
Article
V :
La
Non-Violence est une des valeurs fondamentales prônée par
la Charte des "Peuples du Quart-Monde".
Cependant, et en dépit de cet énoncé de Non-Violence, la
Charte reconnaît l’usage des armes en cas de légitime
défense.
Sur
la base de ses bons droits historiques, la "Charte des
Peuples du Quart-Monde" encouragera les discussions
idéologiques, les échanges libres d’idées et les
débats pacifiques pour faire valoir et prévaloir les
droits des peuples premiers sur leur patrie et la création
d’un cadre étatique souverain et indépendant.
Néanmoins,
tout peuple premier a le droit légitime de prendre les
armes pour faire accepter sa sécession ou dans le cas
d'une agression interventionniste, colonialiste et
impérialiste de la part des Etats-nations, pour l'en
empêcher.
Article
VI :
Tout
peuple premier exige de ne plus être nommé de manière
fausse, mensongère, factice et calomnieuse par les
Etats-nations. La restitution de son nom originel occulté
par les Etats-nations est la condition sine
qua non à
tout accord de paix.
Article
VII :
Tous
les peuples premiers seront solidaires les uns-des-autres.
Ils entretiendront entre
eux des relations particulièrement amicales et
fraternelles fondées sur la justice et le respect mutuel.
Ils développeront
leur connaissance réciproque par l'échange et
l’approfondissement de leurs racines et de leur Histoire,
la régénérescence de leur civilisation et de leur
patrimoine culturel.
Article
VIII:
Les
peuples premiers reconnaissent les libertés
de culte, religieuses ou non religieuses. Toutes les
religions, animistes, totémistes, polythéistes ou
monothéistes, en tant qu’expressions spirituelles
privées, seront licites et légitimes.
Il
en sera de même pour les athées, les agnostiques, les
francs-maçons etc…
Leurs
adeptes jouiront de toutes les libertés publiques à
condition que celles-ci ne soient pas en contradiction avec
l'éthique et les valeurs énoncées précédemment.
Ainsi,
il sera exigé des réformes textuelles, législatives et
juridiques à certaines théologies monothéistes prônant
l'intolérance ou l'extermination des non-monothéistes.
Sans
ces profondes réformes, ces religions seront interdites et
combattues !
Quant
aux droits des différents groupes humains – quoique non
ethniques – ayant subi l'oppression, le crime,
l'ostracisme, ou le mépris des Etats-nations, tels que les
Tziganes et les Romanichels, les Gitans et les Manouches,
ou encore les femmes, les enfants, les vieillards, les
aveugles, les sourds-muets et autres handicapés, ils
seront défendus et protégés. De même, les espèces
non-humaines comme le monde animal, ou le règne végétal
et minéral, seront protégées de la barbarie de
prédateurs humains et de leurs idéologies-théologies
brutales et criminelles.
Article
IX :
Les
peuples premiers signeront un traité réciproque de
non-agression et en parallèle s'engageront à défendre
tout peuple premier qui
lutte pour recouvrer sa patrie, sa dignité, sa liberté et
son droit à l'auto-détermination et l'indépendance.
Article
X :
Les
peuples premiers oeuvreront ensemble à instituer un
"Tribunal
des peuples premiers"
qui rétablira la vérité historique sur les génocides
dont ils ont été les victimes, et qui y jugera les
coupables de "crimes contre l'humanité".
Les
signataires feront appel à tous les peuples premiers à
adhérer à ‘’La Charte des peuples du Quart-Monde’’.
Ils
s’adresseront à tous les humains épris de Justice et de
Vérité à la soutenir et la cautionner.
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David très beau préambule mais les articles ne sont pas mis en valeur car mal rédigés pas suffisamment pompeux dans le verbe.
RépondreSupprimerNe m'en voulez pas
Bonjour Nejma. Je ne vous en veux pas. Bien au contraire. Ce blog est destné à être un lieu d'échanges. Donc de dialogue, y compris par la critique. Ceci-dit, il est question ici d'une "Charte". Et toute "Charte", y compris la "Charte universelle des droits de l'homme et de la femme" adopte un ton et un style pompeux, déclamatoire, amphigourique, solennel. Car justement, il s'agit d'une déclaration.
RépondreSupprimerOui mais il n'empêche que le style doit être soigné déclaration charte ou pas cela doit entraîner l'adhésion par un style déclamatoire sans faille stylistique.
RépondreSupprimerOui, vous avez raison. Je serai ravi de lire vos suggestions pour améliorer le style.
RépondreSupprimerD'accord je m'en occupe dès lundi.
RépondreSupprimerUn grand merci !
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