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Jérusalem – Second volet : Mémoire et Trou noir


Aussi complexe que soit l’étymologie de Jérusalem, son histoire est encore plus énigmatique, voire sibylline.
  1. Aperçu historique
Aux XXème et XIXème siècles av. J.-C., lors de l’occupation du Levant (en hébreu biblique Qedem, qui comprenait 'Eber, c'est-à-dire les régions montagneuses, par opposition au littoral, donc le couchant ou Canaan) et la vassalisation de ses roitelets, Jérusalem est mentionnée dans des fragments de textes pharaoniques dits « d’exécration ».
Son nom, transcrit en hiéroglyphes par Urushalimu, se trouve également parmi les archives royales d’Akhenaton découvertes à Tel Amarna et datant du XIVème siècle avant J.-C.
On peut y lire la correspondance d’un roitelet de Jérusalem, un certain Ebed-Hiba (Serviteur choyé, en hébreu) qui, en tant que vassal du Pharaon égyptien, lui adresse un appel à l’aide désespéré afin qu’il le protège des ‘Habirouou Apirou’ « Aux pieds du Roi, je suis tombé sept et sept fois… La terre du Roi est passée aux Habirou… Déjà, un bourg appartenant à Jérusalem est passée aux gens de Qiltu. Puisse le Roi écouter Ebed-Hiba son serviteur et envoyer des archers. »
La Bible [1] semble s’en faire l’écho et nous parle de « Adoni-çedeq[2], Roi de Jérusalem », en proie aux escarmouches des Israélites. Le livre des Juges [3] mentionne un « Adoni-bezeq [4]» pourchassé par les Israélites et qui succombe à Jérusalem.
Ebed-Hiba, Adoni-çedeq,Adoni-bezeq, ne seraient-ils pas une seule et même personne ?
Quant à Qiltu (méthatèse de Qitlu massacreurs), faut-il aussi voir des Israélites sous ce sobriquet ? Et qui sont ces terribles Habirou-Apirou ?
Selon l’archéologue William Dever[5], Habirou –'Apirou est le nom octroyé péjorativement par les Pharaons égyptiens pour décrire des « rebelles, des délinquants et des hors-la-loi », et ce nom désigne en réalité des Hébreux proto-israélites’.
Il est à noter que la missive d’Ebed-Hiba fait usage du verbe ‘passer’. Or en hébreu, ‘passer’ (‘EBER) est de même racine que 'hébreu' (‘IBRI), qu’on peut traduire par ‘passeur de cols’.
Est-ce à dire que ces passeurs de cols outrepassaient les lois ? Mais lesquelles ? Les lois du Pharaon évidemment !
En fait, ces “passeurs” n’étaient rien d’autre que des résistants à l’hégémonie égyptienne. D’ailleurs, jusqu’aujourd’hui, tout occupant étranger n’a de cesse que de dénigrer un résistant autochtone en lui attribuant le titre de “hors-la-loi”. Les Hébreux étaient donc pour les Egyptiens et leurs vassaux des "hors-la-loi".
Jérusalem apparaît également sur des tessons de poteries égyptiennes trouvées lors de fouilles archéologiques à Louqsor. La datation précise est ardue, mais il est certain que ces vestiges sont antérieurs de près de 500 ans à la mise à sac de Jérusalem incendié par les Fils de Judah au XIIème siècle avant J.-C. [6]
Ce sont donc des Judéens qui, pour la première fois dans l’Histoire, incendièrent Jérusalem, précédant de plusieurs siècles Nabuchodonosor le babylonien et Titus le romain ! Mais surtout, cela signifie qu’il existait bien une ville portant ce nom bien avant les dernières retouches à la rédaction du Pentateuque, estimée au VIIème avant J.-C.  
Les innombrables anachronismes du Pentateuque trahissent en effet sa compilation tardive et en font une des moins anciennes parties du corpus biblique. Or, si Jérusalem est très souvent mentionnée (700 fois !) dans presque tous les 24 Livres de la Bible judaïque [7], en particulier depuis le Livre des Rois, elle ne l’est pas une seule fois dans la Torah le Pentateuque – attribuée (à tort) à Moïse.
Troublés par cette absence surprenante, les exégètes voulurent – en forçant quelque peu la littéralité du verset – voir la première mention biblique de Jérusalem dans un certain passage de la Genèse. Le premier des cinq Livres du Pentateuque nous parle certes de la rencontre du patriarche Abraham avec « Melkiçedeq, roi de Shalem, prêtre d’El elyon» [8]cependant, rien n’est moins certain que de conclure qu’il s’agit bien de Jérusalem. En effet, le livre de la Genèse situe expressément Shalem non pas en Judée mais en Samarie : « Et Jacob arriva à Shalem, ville de Sichem » [9].
Comment expliquer ce samaritanisme du Pentateuque (ou plutôt de ses rédacteurs et compilateurs anonymes [10]), livre qui est à la fois le fondement mythique du judaïsme, la référence caduque du christianisme, et le texte plagié de l’islam, bref l’origine des ‘trois grandes religions monothéistes’ ?
Serait-ce que Jérusalem représente le trou noir amnésique du ‘nombril mémoriel du monde’ ?
Quoi qu’il en soit, ce mutisme sur Jérusalem-en-Judée demande quelques éclaircissements. Se pourrait-il que les rédacteurs-compilateurs du Pentateuque n’aient pas voulu se trahir en évoquant explicitement le nom d’une cité qu’ils croyaient ne pas exister à l’époque de Moïse ? Ou qu’ils redoutaient qu’un tel anachronisme ne porte préjudice à la construction théologique du Pentateuque ? Ces deux suppositions se tiennent.
Cependant, s’ils surmontèrent le piège en ne mentionnant pas nommément Jérusalem, ils laissèrent un mystérieux indice dans la fameuse bénédiction que Moïse adressa à chacune des douze [11] tribus d’Israël : « Sur Benjamin, il dit : Bien-aimé de Yahweh, Il résidera avec confiance auprès de lui ; Il l’abrite toujours, et entre ses épaules il réside. ».
La racine verbale ShKN qui revient deux fois dans ce verset et est traduit littéralement par résider [12], évoque une ‘présence divine immanente’ (la ‘Shkhina’). En hébreu, il peut suggérer celle d’un sanctuaire. Or Jérusalem se trouve dans le territoire de la tribu de Benjamin, faisant charnière entre celui de Judah au sud et de Joseph au nord.
Les rédacteurs-compilateurs du Pentateuque voulaient-ils ainsi nous dévoiler ce qu’ils s’étaient tant efforcés d’occulter tout au long de leur ouvrage : le Temple de Jérusalem !
Mais rappelons une fois encore que l’ordre rédactionnel du corpus biblique est théologique et ne doit rien ou presque rien à la chronologie. Il est donc grand temps de revenir à cette dernière.
Selon la Bible [13], c'est au roi David que l'on doit l’initiative de transporter à Jérusalem le tabernacle contenant les Tables de la Loi sur lesquelles étaient gravées les célèbres “Dix commandements transmis par Yahweh à Moise au mont Sinaï”.
En vérité, cette Arche d’Alliance (Aron ha Brith, en hébreu), n’était sans doute pas une relique sacrée surmontée de deux Chérubins, mais un grand coffre rectangulaire où étaient consignés les noms et les effigies d'animaux symboliques des tribus ayant adhéré à la confédération nommée Israël (en fait Ysra-El ou Yshra-El).
Ce coffre était tombé aux mains des Philistins, ces navigateurs Crétois et des îles de la Mer Egée qui opéraient des incursions meurtrières sur tout le littoral cananéen.[14]
Durant trois siècles (avant d’être boutés hors du pays au Xème siècle avant J.-C.), ces Crétois furent les ennemis jurés des Hébreux. A tel point que leur sobriquet biblique Philistins, et qui donnera bien plus tard Palestine (IIème après J.-C.), signifie en hébreu : occupants, envahisseurs, intrus. [15] Voir sur ce point notre article Pour en finir avec l’usage du terme “Palestine”.
  1. Jérusalem l'israélite de 950 avant J.-C jusqu'à 135 après J.-C.
Toujours selon la Bible, le Roi David – après avoir récupéré l’Arche d’Alliance des mains des Philistins et l'avoir mise en sécurité -, se mit en tête de construire à Yahweh – le Dieu tutélaire et le garant de l’unité de la confédération israélite – une « Maison ». Et ce, afin que Yahweh qui le protégea de tant de dangers et de menaces lors de ses expéditions guerrières et ses tribulations politiques, puisse enfin se reposer.
Yahweh était en effet fatigué d’être ‘itinérant’ sous sa démontable et remontable Tente d’Assignation. Il aspirait à se sédentariser. Contre l’engagement de David de le loger en dur, Yahweh lui promit son alliance éternelle et de perpétuer sa descendance sur le trône d’Israël.
La royauté, héréditaire de surcroît, n’était pas une mince affaire à l’époque. Pour les Hébreux israélites foncièrement opposés à la monarchie et à toute autorité centralisée, c’était même un casus belli qui aurait dû déclencher les hostilités envers David.
Pourtant, il semble qu’ils ne s’en offusquèrent guère. A moins que ce fût le narrateur biblique qui sût faire passer la pilule monarchiste avec un récit non dénué de charme populaire – David dansant presque nu devant l’Arche d’Alliance -, destiné à convaincre que cette élection davidienne ne changerait en rien les coutumes hébraïques populaires et anarchisantes.
Parallèlement à l’élection du Roi David par Yahweh que les exégètes prirent avec un sérieux hallucinant (son intronisation en tant que ‘Oint de Dieu’, allait beaucoup plus tard devenir un modèle et une référence pour tous les Rois de France), la Bible nous relate son dévolu sur Jérusalem.
Juché sur sa monture en face de Jérusalem ou Ville de Jébus – la place forte d’une mystérieuse peuplade ‘les Jébuséens-, le roi David en fit le siège.
Ce nom "Jébuséens" n'a en réalité rien de mystérieux. Et la langue hébraïque nous révèle bien des choses dans ce récit assez folklorique : 
C'est un sobriquet attribué à des Hébreux (non Israélites) habitants autochtones de Jérusalem.
En effet, "Jébuséens" est un substantif en hébreu יבוסים forgé sur la racine verbale YBS et qui signifie "être défait, être vaincu, être soumis". Ces Jébuséens ne sont pas une peuplade étrangère, mais des Hébreux vaincus et défaits par David.
Or, il est invraisemblable que les Jébuséens se soient eux-mêmes appelés ainsi, et encore moins qu’ils aient nommé péjorativement “Cité de défaite”, leur forteresse montagnarde qu’ils croyaient imprenable.
Car quelque temps auparavant, les Jébuséens avaient nargué le Roi David en alignant sur les remparts de leur citadelle tous les aveugles et les boiteux de la ville, une manière sans doute de lui prouver qu’elle était inexpugnable puisque même des handicapés suffisaient à la défendre.
Mais le rusé David s’introduisit dans l’enceinte de la forteresse en empruntant un boyau souterrain (d’égout ?) et s’empara de la ville.
Dès lors, Jérusalem prit aussi les noms de Citadelle de Sion (Sion = la désigné) ou encore Cité de David.
Mais il nous faut faire à présent une petite digression :
Le narrateur biblique nous entretient d'une manière impromptue d’un recensement (chose préalablement prohibée par Yahweh) effectué par le roi David.
En effet, le narrateur biblique, après avoir méticuleusement énuméré les vaillants guerriers de David, ‘les 37 Preux’, (le trente septième étant Urie le hétéen cocufié et secrètement exécuté par son roi et amant de son épouse Batsheba' = Bethsabée en français), nous dit soudain que Yahweh se mit en colère et ‘incita le cœur de David’ à procéder au dénombrement de la population de Judah et d’Israël. Ce que fit David.
Mais pour le punir d’avoir obéi-à-l’injonction-de-transgresser-l’interdit-de-recensement (Yahweh est un tyran retors et compliqué), Dieu envoya son prophète, un nommé Gad [16], enjoindre David de choisir entre trois calamités : trois ans de famine, trois mois de défaites militaires, trois jours de Glaive de Yahweh, c’est-à-dire d’épidémie de peste.
David préféra tomber entre les mains de Yahweh, fut-il capricieux, plutôt qu’entre celles de ses ennemis humains. Il choisit la peste. Soixante-dix mille Israélites en périrent.
Parvenu à Jérusalem, l’Ange exterminateur – le glaive de Yahweh – comptait y achever sa ravageuse besogne, lorsque David l’aperçut qui se tenait avec nonchalance devant la grange d’un quidam, répondant au nom d’Aronah le Jébuséen.
David implora Yahweh : « C’est moi qui ai péché, je suis le seul coupable. Qu’ont fait ces brebis ? De grâce, que ta main ne frappe que moi et ma famille ». 
C’est alors que Yahweh eut pitié de la cité et de ses habitants. Il ordonna à l’Ange : « Assez ! Retire maintenant ta main ! » [17]
Le prophète Gad alla trouver le roi David, passablement troublé par la vision de l’Ange, une sorte d’épiphanie christique, et lui dit : « Elève un autel à Yahweh dans l’aire d’Aronah le Jébuséen ». 
David désira aussitôt acheter la grange et l’aire attenante pour le battage des grains de céréales.
Mais qu’y avait-il de si saint sous les bottes de paille de la grange d’Aronah ? Nous laissant sur notre faim, le Livre de Samuel s’achève là, sans nous le révéler. La tradition populaire prit le relais et lia les gerbes d’orge et de blé à la légende davidique messianique de Jérusalem : sous la grange, perché sur un monticule dont la forme arrondie évoquait un occiput, se trouvait la sépulture d’Adam, le premier humain ! Le site mythique reçut plus tard le surnom de ‘crâne’, golgoleth en hébreu, qui donna le fameux Golgotha des Evangiles, et du “second Adam” qu’était Yeshou’a-Jésus pour ses disciples.       
Quant à Aronah, sans se départir de sa flagornerie de péquenot balourd, il se révéla un négociateur redoutable et, presque sans avoir l’air, fit payer à David le prix fort. A tel point que notre narrateur-rédacteur de la scène (totalement fictive bien entendu) bafouilla et décerna à Aronah, le titre de …Roi, à la place de David !
La racine de ce nom hébreu – Aronah – possède deux sens : soit Arche (comme dans l’expression Aron ha Brith [!8]= Arche d’Alliance), soit un diminutif désignant la Lumière Or ou Ornan. C’est d’ailleurs ainsi qu’il est transcrit dans le Livre des Chroniques.[19] 
Ce nom prédestiné, évoquant à la fois les “Tables de la Loi” déposées dans le Saint des Saints du Sanctuaire de Jérusalem, Les Ourim et Toumim (les pierres précieuses scintillantes du pectoral d’Aharon, le frère aîné de de Moïse et le Grand Cohen sacrificateur, selon la Bible), et même le Candélabre à sept branches éclairant les Chérubins, aurait pu et dû laisser libre-cours à l’imagination débridée des exégètes et aux élucubrations des mystiques. Mais il n’en fut rien.
A cause d’un a priori jébuséen, donc prétendument non hébraïque de son nom, ainsi que d’une vocalisation très tardive – et défectueuse -, dans la version dite massorétique de la Bible (au 10ème siècle après J.-C.), la plupart des exégètes se sont fourvoyés dans des hypothèses aussi fausses que néfastes : Araunah ou Aravnah, serait un prince … arménien !
Décidément, la nuisance de "l’étymologie populaire", fondée sur une pseudo homonymie sonore, est aussi passée par-là !
Or, Aronah n’est pas plus prince qu’il n’est Arménien ou Hittite ! Pauvre Aronah ! Etrange et ironique destinée qui entacha le nom de ce modeste paysan : elle fit à la fois entrer cet hébreu païen – contre son gré – dans le panthéon monothéiste, et le gratifia d’appartenance quasi “aryenne”.  
Fermons la digression et revenons au Palais du Roi David.
Proche du palais qu'il s'était fait construire, le roi David érigea un autel et envisagea d'édifier tout autour un Sanctuaire en l'honneur de Yahweh (vers 1000 avant J.-C).  Mais l'édification de ce Sanctuaire ne s'acheva que vers 950 avant J-.C avec la construction par son fils Salomon du Temple de Salomon, abritant le "Sanctuaire de Yahweh", et qui fit de Jérusalem la capitale politique et religieuse du royaume d’Israël unifié.
Le fait que David et son fils Salomon aient pris Jérusalem non seulement comme symbole de “résidence” de Yahweh et d’abri pour le Coffre d’Alliance de la confédération Israélite, mais surtout de capitale royale et donc politique, risquait de lui attirer l’animosité et l’opposition des autres tribus d’Israël.
Or Jérusalem avait été choisie par David afin justement d’éviter des frictions de préséance entre les tribus. Avec son emplacement dans le territoire central attribué à la petite tribu de Benjamin, Jérusalem était censée faire fonction de zone tampon neutre, pour consolider la confédération tribale, menacée d’éclatement. Avec d’une part, un risque de sécession de la forte tribu de Judah au sud, et de l’autre la tendance à l’hégémonie de celle de Joseph sur les neuf autres tribus, au nord, à l’ouest et à l’est. Ce qui d’ailleurs arriva 50 ans plus tard, lors du schisme entre les royaumes de Judah et d’Israël.
Les tribulations de Jérusalem se poursuivirent tout au long de l’Histoire du royaume de Judah. Le fameux Temple de Jérusalem fut détruit en 587 avant J.-C par les armées occupantes de Nabuchodonosor le Babylonien. Il fut reconstruit quelques décennies plus tard, par les Judéens exilés revenus au pays, désormais sous domination perse. Débute ainsi l'époque du "Second Temple de Jérusalem".
Au IIIème siècle avant J.-C, Jérusalem et son Temple furent investis par les envahisseurs grecs qui triomphèrent des Perses. Mais les combats de résistance menés par Judah le Macchabée et ses frères, parvinrent à bouter les Grecs hors du pays. Jérusalem fut libérée et l'Autel du Temple restauré, évènements commémorés par la fête de "Hanoukah".
Deux siècles plus tard, les occupants romains s'emparèrent militairement de Jérusalem, tout en laissant le Temple sous la direction des Cohanim et du Sanhédrin judéen.   
Mais en 70 après J.-C., suite à la Grande Révolte des Juifs contre les Romains, et lorsque Jérusalem-Sion fut transformée en bastion des patriotes et des résistants zélotes et sicaires, les Romains l’assiégèrent et la rasèrent définitivement ! Mille ans de Jérusalem l'israélite s'achevèrent dans le sang ! Il faudra attendre près de 1900 ans pour que Jérusalem revienne à ses propriétaires israélites légitimes.
  1. "Jérusalem capta", soumise et conquise par les étrangers
En 130 après J.-C, soit 60 ans après la destruction de Jérusalem, l’empereur Hadrien la rebaptisa Aelia capitolina (du nom de sa famille), et fit bâtir sur les vestiges du Sanctuaire de Yahweh, un Temple dédié à Jupiter. Il y fit même ériger sa propre statue,.
Ce dernier repris le flambeau de la révolte, lors de l’insurrection de Bar Kochba en 132-135 après J.-C, réprimée par ce même Hadrien dans le sang et la déportation de nombreux résistants israélites. C'est alors qu'Hadrien décida d'effacer les noms d'Israël, de Judée, de Samarie, et de Galilée, et rebaptisa le pays "Palestina", et ce afin d’offenser et d’humilier la fibre patriotique du peuple hébreu-israélite vaincu.
200 ans plus tard, soit en 335 après J.-C, l'épouse Hélène de l'Empereur romain Constantin converti au christianisme – fit raser ce Temple païen et le recouvrit de terre. Les Israélites qui venaient prier sur les ruines du Sanctuaire de Yahweh furent bientôt interdits d'accès au site, et chassés de Jérusalem par Constantin.  
En 362 après J.-C, Julien le neveu de Constantin, monta sur le trône d'Empereur. Surnommé "Julien l'apostat", car il abandonna le christianisme et revint au paganisme, le nouvel Empereur permit aux Israélites de reconstruire le Temple de Jérusalem avec le sanctuaire dédié à Yahweh.
Le projet de reconstruction avorta suite à un terrible tremblement de terre qui détruisit les matériaux de construction et une partie de la ville–haute de Jérusalem. Les chrétiens romains virent dans ce cataclysme le miracle une punition divine pour empêcher les Israélites de recouvrer leur fierté d'antan.  
En 393 après J.-C, Théodose monta sur le trône et annula les décisions de Julien. Il abolit le permis que Julien octroya aux Israélites de reconstruire le Temple de Jérusalem, et alla même plus loin en leur interdisant désormais d'habiter la ville !
En 630 après J.-C, L'empereur byzantin Héraclius permit le retour des Israélites à Jérusalem, dans un premier temps, mais sous la pression des moines, il annula sa décision, et ordonna de les chasser de Jérusalem à moins qu'ils ne se convertissent au christianisme.
En 636 après J.-C, la terre d'Israël et Jérusalem tombèrent entre les mains de nouveaux conquérants : les arabo-musulmans !
Durant plus de 400 ans (avec quelques intermèdes turco-mongols), les conquérants arabo-musulmans régnèrent en maîtres à Jérusalem. Sur l'Esplanade du Temple, ils y firent construire la "Mosquée interdite" dite "Mosquée de 'Omar" (ou mosquée du "Rocher") sur l'emplacement de l'ancien Sanctuaire israélite, et la "Mosquée extérieure" (dite "al –Aqçah") à l'extrémité sud de l'Esplanade.
Mais en 1100 et durant un siècle de croisades, Jérusalem fut reprise par les chrétiens, non plus byzantins cette fois, mais européens.
Aux environs de 1200, Salah al Din (Saladin), un chef Kurde musulman et ses troupes de Tatars et de Mamelouks (jeunes mongols raflés dès leur jeune âge et convertis à l'islam) s'empara de Jérusalem et en chassa les Croisés dans un effroyable massacre.
Il y eut quelques soubresauts de croisades ultérieures, mais désormais, et jusqu'au début du XXème siècle (en dépit du bref intermède bonapartiste en 1800), Jérusalem fut sous la coupole mamelouke musulmane, puis ottomane musulmane. Jusqu'à la chute de celle-ci, en 1917, date de l'octroi du mandat de la SDN à la Couronne britannique.
Et c'est alors qu'un ancien-nouveau facteur, réapparut : Le Mouvement Hébreu de Libération (mal-nommé "sionisme).
  1. Jérusalem, non plus en tant que symbole religieux mais comme métropole culturelle.
Le Mouvement Hébreu de Libération sublima l'aspiration du peuple hébreu au retour au pays des ancêtres, pour y recouvrer son indépendance, sa souveraineté, et sa capitale historique et politique, perdues. Non pas au nom de l'aura de Jérusalem en tant que ‘Ville Sainte”, mais au nom de la justice historique pour un peuple spolié de sa patrie ancestrale.
Or, la multiple sacralisation des vestiges religieux de Jérusalem-Sion par le judaïsme (dont Le Mur des Lamentations, en hébreu, La paroi occidentale) et par le christianisme, puis par le conquérant musulman avec la Mosquée du Rocher, avait déjà fait son effet pervers.
Car c’est au nom de croyances religieuses que “l’internationalisation’ de Jérusalem, une sorte de “Vatican du Proche-Orient des trois religions monothéistes”, fut effrontément exigée, même par des Etats laïques comme la France, comble de l’absurde et du ridicule !
A cela, l'Etat d'Israël renaissant proclamé en 1948, puis victorieux des armées de la "Ligue arabe" en 1967, avec la libération de Jérusalem-est et du Mont du Temple, aurait dû rétorquer qu'il est le seul et unique propriétaire légitime de Jérusalem. Ni la crucifixion de Jésus au Golgotha et ni le pseudo ‘voyage’ spirituel de Mahomet à Jérusalem, ne sauraient octroyer un quelconque droit aux chrétiens et encore moins aux musulmans, sur Jérusalem. Que sa décision de faire de Jérusalem sa capitale est une décision souveraine, qui ne dépend ni de Trump et ni de quiconque.
Que diraient les Français, si des Israéliens adhérant soudain à la croyance en résurrection et à la divinité de Jeanne d’Arc, réclamaient l’internationalisation de Rouen, en arguant impertinemment du fait que c’est dans cette ville que La pucelle monta au bûcher ?!
Mais l'Etat d'Israël a tergiversé longtemps, trop longtemps, à ce sujet. Et aujourd'hui, il en paie les conséquences.
Car la confrontation entre droits historiques et pseudo "droits" religieux, est toujours d’actualité. Elle est même en plein paroxysme, jusqu'à en devenir artificiellement fondamentale et vitale pour l'Etat d'Israël, dont la grande erreur est d’avoir hypertrophié l’importance de Jérusalem, au détriment de toute autre parcelle de terre du Pays des Hébreux.
Or, pour un Hébreu, Massada, Hébron, Bethlehem, Sichem, le Mont Garizim, Shilo, Ephrat, Gilo, Megido, le Mont Tabor, Gaza, le Sinaï, le moindre kibboutz et moshav, le moindre bourg, et le moindre village, n’est pas moins “saint” que Jérusalem.
Tous ces lieux ne sont pas “sacrés” au nom du divin, mais parce qu’ils font tout simplement partie intégrante de la patrie des ancêtres Hébreux. Et ce n’est pas parce qu’un roi Hébreu-israélite-judéen, aussi “prestigieux” fut-il comme le Roi David, a décidé que sa capitale serait Jérusalem, qu’il fallait pour cela atrophier l’importance des autres lieux du Pays des Hébreux !
En réalité, l’hypertrophie de l’importance de Jérusalem aux yeux des Israéliens est un stratagème pernicieux, induit par les ennemis d’Israël, pour développer en eux un réflexe de défense de leur “Capitale”.
Jérusalem est ainsi devenue une sorte de “chantage” aux mains des ennemis d’Israël : “Nous sommes prêts à vous concéder la souveraineté sur Jérusalem, mais en contrepartie, nous exigeons la création d’un Etat palestiniste arabiste-islamiste (fantoche et artificiel) en Judée-Samarie et sur la bande de Gaza”.  Et le tour est joué ! Avec les ovations des “puissances occidentales”.
Ce stratagème de chantage avait déjà réussi avec Sadate qui a “exigé” le Sinaï en contrepartie de la “paix”. Comme si le Sinaï ne faisait pas partie intégrante du Pays des Hébreux, comme si l’Egypte ne l’avait pas occupé illégitimement, et comme si Israël était astreint à brader une terre lui appartenant de tout temps, pour “avoir la paix” !
Voilà donc le piège sournois dans lequel est tombé l'Etat d'Israël, à cause de son attachement à Jérusalem.
Certes, la réponse à ce traquenard est de déclarer immédiatement que chaque centimètre carré de toute la terre des Hébreux appartient historiquement à Israël et qu’il n’y aura de paix que lorsque cette terre lui sera restituée intégralement ! 
Mais il y a en parallèle une autre "solution". Celle de la fondation d'un Etat laïque, unifié, et fédéré sur toute l'étendue du Pays des Hébreux (voir carte du Mouvement Hébreu de Libération), de la Méditerranée jusqu'à la "Transjordanie" comprise, et du Sinaï compris jusqu'au nord du Liban et le sud de la Syrie.
Dans cet Etat laïque unifié et fédéré, qui pourrait se nommer "hébreu-cananéen" ou encore "Qedem" (le "Levant" en hébreu), Jérusalem n'aurait plus que le rôle d'une métropole culturelle.
La capitale fédérale, politique et administrative de Qedem serait une nouvelle ville construite intentionnellement là où il n'y avait rien de symboliquement religieux auparavant. Le site privilégié serait justement au centre de cet Etat fédéré : Pourquoi pas dans la vallée de Beth Shean ?
David A. Belhassen
[1] Josué 10, 1. 
[2] Çedeq = Justice 
[3] Juges, 1, 8. 
[4] Bezeq = Dieu de l’Eclair. 
[5] Aux origines d’Israël Ed. Bayard. Paris 2005.
[6] Du moins, telle que cette mise à sac est relatée dans le Livre des Juges : 1, 8.
[7] L’ordre rédactionnel des 24 livres du corpus biblique n’est pas chronologique. Par exemple, le Livre des Juges – le plus ancien et dont la rédaction date du Xème avant J.-C. – ne se trouve qu’après le Livre de Josué bien plus tardif (VIIème avant J.-C.).
[8] El Elyon = Dieu Très Haut.  Genèse 14, 18.
[9] Genèse 33, 18. Au Ier siècle après J.-C., Rome saccagea la ville hébraïque de Sichem et y installa ses légionnaires vétérans, en la rebaptisant « Neapolis » (ville nouvelle). D’où l’actuelle Naplouse en français, arabisée en Nablus.
[10] Il se pourrait fort en effet que l’un d’eux eût été un Samaritain, donc opposé à la sanctification et au prestige de Jérusalem. Voir les travaux de Mikhah Yossef Berdichevsky (1865-1921) : Sinaï et Grizim.
[11] En réalité à 11 tribus, Moïse s’abstenant de bénir la tribu récalcitrante de Simon. Or Simon (Shim’on en hébreu) n’est autre que Ismaël (Ishma’ël en hébreu), l’aîné d’Abraham décrit dans la Bible commehomme du désert vivant de rapines. En fait, cet éponyme désignait une tribu de semi-nomades du Néguev et du Sinaï affiliée à la confédération israélite, et dont certains territoires furent intégrés au royaume de Judah. Les ‘sages talmudiques’ attribuèrent le nom d’Ismaël à toute population nomade, y compris arabe, bien que cette dernière n’a absolument aucun lien avec Simon-Ismaël.
[12]Voir La Bible traduite du texte original par les membres du Rabbinat français, sous la direction du Grand rabbin Zadoq Kahn. Librairie Colbo. Paris 1966. Tout le long de cet article, cette traduction sera privilégiée, sans toutefois être exclusive.
[13]Selon la Bible, voir Samuel II.
[14]Rappelant celles des Vikings en Normandie au Xème après J.-C.
[15]Voir mon ouvrage Israël, amour et désamour, Ed La Différence. Paris. 2013 ou mon article : “Pour en finir avec l’usage du terme Palestine”.
[16]Le Dieu de la bonne fortune du panthéon hébreu-cananéen.
[17]Samuel II, chap 24.
[18]Les lettres majuscules n’existent pas en hébreu. Les voyelles non plus. Elles ne sont là que pour faciliter la lecture.
[19]Chroniques, 21, 15.

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