Lire le premier volet "Nombril de Dieu ou Prépuce de Satan" sur Le Blog des Hébreux.
Aussi
complexe que soit l’étymologie de Jérusalem, son histoire est
encore plus énigmatique, voire sibylline.
-
Aperçu historique
Aux
XXème et
XIXème siècles
av. J.-C., lors de l’occupation du Levant (en hébreu biblique
Qedem,
qui comprenait 'Eber, c'est-à-dire les régions montagneuses, par
opposition au littoral, donc le couchant ou Canaan)
et la vassalisation de ses roitelets, Jérusalem est mentionnée dans
des fragments de textes pharaoniques dits « d’exécration ».
Son
nom, transcrit en hiéroglyphes par Urushalimu,
se trouve également parmi les archives royales
d’Akhenaton découvertes
à Tel Amarna et datant du XIVème siècle
avant J.-C.
On
peut y lire la correspondance d’un roitelet de Jérusalem, un
certain Ebed-Hiba
(Serviteur
choyé,
en hébreu) qui, en tant que vassal du Pharaon égyptien, lui adresse
un appel à l’aide désespéré afin qu’il le protège des
‘Habirou‘
ou ‘Apirou’ : «
Aux pieds du Roi, je suis tombé sept et sept fois… La terre du Roi
est passée aux Habirou… Déjà, un bourg appartenant à Jérusalem
est passée aux gens de Qiltu. Puisse le Roi écouter Ebed-Hiba son
serviteur et envoyer des archers. »
La
Bible [1] semble
s’en faire l’écho et nous parle de « Adoni-çedeq[2],
Roi de Jérusalem »,
en proie aux escarmouches des Israélites. Le livre des Juges
[3] mentionne
un « Adoni-bezeq
[4]» pourchassé
par les Israélites et qui succombe à Jérusalem.
Ebed-Hiba,
Adoni-çedeq,Adoni-bezeq, ne
seraient-ils pas une seule et même personne ?
Quant
à Qiltu (méthatèse
de Qitlu = massacreurs),
faut-il aussi voir des Israélites sous ce sobriquet ? Et qui sont
ces terribles Habirou-Apirou ?
Selon
l’archéologue William Dever[5],
Habirou –'Apirou est le nom octroyé péjorativement par les
Pharaons égyptiens pour décrire des « rebelles,
des délinquants et des
hors-la-loi »,
et ce nom désigne en réalité des Hébreux ‘proto-israélites’.
Il
est à noter que la missive d’Ebed-Hiba fait usage du verbe
‘passer’. Or en hébreu, ‘passer’ (‘EBER) est de même
racine que 'hébreu' (‘IBRI), qu’on peut traduire par ‘passeur
de cols’.
Est-ce
à dire que ces passeurs de cols outrepassaient les lois ? Mais
lesquelles ? Les lois du Pharaon évidemment !
En
fait, ces “passeurs” n’étaient rien d’autre que des
résistants à l’hégémonie égyptienne. D’ailleurs,
jusqu’aujourd’hui, tout occupant étranger n’a de cesse que de
dénigrer un résistant autochtone en lui attribuant le titre de
“hors-la-loi”. Les Hébreux étaient donc pour les Egyptiens et
leurs vassaux des "hors-la-loi".
Jérusalem apparaît
également sur des tessons de poteries égyptiennes trouvées lors de
fouilles archéologiques à Louqsor. La datation précise est ardue,
mais il est certain que ces vestiges sont antérieurs de près de 500
ans à la mise à sac de Jérusalem incendié par les Fils
de Judah au
XIIème siècle
avant J.-C. [6]
Ce
sont donc des Judéens qui, pour la première fois dans l’Histoire,
incendièrent Jérusalem, précédant de plusieurs siècles
Nabuchodonosor le babylonien et Titus le romain ! Mais surtout, cela
signifie qu’il existait bien une ville portant ce nom bien avant
les dernières retouches à la rédaction du Pentateuque, estimée au
VIIème avant
J.-C.
Les
innombrables anachronismes du Pentateuque trahissent en effet sa
compilation tardive et en font une des moins anciennes parties du
corpus biblique. Or, si Jérusalem est très souvent mentionnée
(700 fois !) dans presque tous les 24 Livres de la Bible judaïque
[7],
en particulier depuis le Livre des Rois, elle ne l’est pas une
seule fois dans la Torah –
le Pentateuque
– attribuée
(à tort) à Moïse.
Troublés
par cette absence surprenante, les exégètes voulurent – en
forçant quelque peu la littéralité du verset – voir la première
mention biblique de Jérusalem dans un certain passage de
la Genèse. Le
premier des cinq Livres du Pentateuque nous parle certes de la
rencontre du patriarche Abraham avec « Melkiçedeq,
roi de Shalem, prêtre d’El elyon»
[8], cependant,
rien n’est moins certain que de conclure qu’il s’agit bien de
Jérusalem. En effet, le livre de la Genèse situe
expressément Shalem
non
pas en Judée mais en Samarie : « Et
Jacob arriva à Shalem, ville de Sichem » [9].
Comment
expliquer ce samaritanisme du
Pentateuque (ou plutôt de ses rédacteurs et compilateurs anonymes
[10]),
livre qui est à la fois le fondement mythique du judaïsme, la
référence caduque du christianisme, et le texte plagié de l’islam,
bref l’origine des ‘trois grandes religions monothéistes’ ?
Serait-ce
que Jérusalem représente le trou noir amnésique du ‘nombril
mémoriel du monde’ ?
Quoi
qu’il en soit, ce mutisme sur Jérusalem-en-Judée demande quelques
éclaircissements. Se pourrait-il que les rédacteurs-compilateurs du
Pentateuque n’aient pas voulu se trahir en évoquant explicitement
le nom d’une cité qu’ils croyaient ne pas exister à l’époque
de Moïse ? Ou qu’ils redoutaient qu’un tel anachronisme ne porte
préjudice à la construction théologique du Pentateuque ? Ces deux
suppositions se tiennent.
Cependant,
s’ils surmontèrent le piège en ne mentionnant pas
nommément Jérusalem,
ils laissèrent un mystérieux indice dans la fameuse bénédiction
que Moïse adressa à chacune des douze [11] tribus
d’Israël : « Sur
Benjamin, il dit : Bien-aimé de Yahweh, Il résidera avec
confiance auprès de lui ; Il l’abrite toujours, et entre ses
épaules il réside. ».
La
racine verbale ShKN qui revient deux fois dans ce verset et est
traduit littéralement par résider
[12],
évoque une ‘présence divine immanente’ (la ‘Shkhina’). En
hébreu, il peut suggérer celle d’un sanctuaire. Or Jérusalem se
trouve dans le territoire de la tribu de Benjamin, faisant charnière
entre celui de Judah au sud et de Joseph au nord.
Les
rédacteurs-compilateurs du Pentateuque voulaient-ils ainsi nous
dévoiler ce qu’ils s’étaient tant efforcés d’occulter tout au
long de leur ouvrage : le Temple de Jérusalem !
Mais
rappelons une fois encore que l’ordre rédactionnel du corpus
biblique est théologique et ne doit rien ou presque rien à la
chronologie. Il est donc grand temps de revenir à cette dernière.
Selon
la Bible [13],
c'est au roi David que l'on doit l’initiative de transporter à
Jérusalem le tabernacle contenant les Tables
de la Loi sur
lesquelles étaient gravées les célèbres
“Dix commandements transmis
par Yahweh à Moise au mont Sinaï”.
En
vérité, cette Arche
d’Alliance (Aron
ha Brith,
en hébreu), n’était sans doute pas une relique sacrée surmontée
de deux Chérubins, mais
un grand coffre rectangulaire où étaient consignés les noms et les
effigies d'animaux symboliques des tribus ayant adhéré à la
confédération nommée Israël (en fait Ysra-El ou Yshra-El).
Ce
coffre était tombé aux mains des Philistins,
ces navigateurs Crétois et des îles de la Mer Egée qui opéraient
des incursions meurtrières sur tout le littoral cananéen.[14]
Durant
trois siècles (avant d’être boutés hors du pays au
Xème siècle avant
J.-C.),
ces Crétois furent les ennemis jurés des Hébreux. A tel point que
leur sobriquet biblique Philistins, et
qui donnera bien plus tard
Palestine
(IIème après
J.-C.), signifie en hébreu : occupants, envahisseurs,
intrus. [15]
Voir
sur ce point notre article Pour
en finir avec l’usage du terme “Palestine”.
-
Jérusalem l'israélite de 950 avant J.-C jusqu'à 135 après J.-C.
Toujours
selon la Bible, le Roi David – après avoir récupéré l’Arche
d’Alliance des
mains des Philistins et l'avoir mise en sécurité -, se mit en tête
de construire à Yahweh – le Dieu tutélaire et le garant de
l’unité de la confédération israélite – une « Maison ». Et
ce, afin que Yahweh qui le protégea de tant de dangers et de menaces
lors de ses expéditions guerrières et ses tribulations politiques,
puisse enfin se reposer.
Yahweh
était en effet fatigué d’être ‘itinérant’ sous sa
démontable et remontable Tente
d’Assignation.
Il aspirait à se sédentariser. Contre l’engagement de David de le
loger en
dur,
Yahweh lui promit son alliance éternelle et de perpétuer sa
descendance sur le trône d’Israël.
La
royauté, héréditaire de surcroît, n’était pas une mince
affaire à l’époque. Pour les Hébreux israélites foncièrement
opposés à la monarchie et à toute autorité centralisée, c’était
même un casus
belli qui
aurait dû déclencher les hostilités envers David.
Pourtant,
il semble qu’ils ne s’en offusquèrent guère. A moins que ce fût
le narrateur biblique qui sût faire passer la pilule monarchiste
avec un récit non dénué de charme populaire – David dansant
presque nu devant l’Arche d’Alliance -, destiné à convaincre
que cette élection davidienne ne changerait en rien les coutumes
hébraïques populaires et anarchisantes.
Parallèlement
à l’élection du Roi David par Yahweh que les exégètes prirent
avec un sérieux hallucinant (son intronisation en tant que ‘Oint
de Dieu’, allait beaucoup plus tard devenir un modèle et une
référence pour tous les Rois de France), la Bible nous relate son
dévolu sur Jérusalem.
Juché
sur sa monture en face de Jérusalem ou Ville
de Jébus –
la
place forte d’une mystérieuse peuplade ‘les Jébuséens‘
-,
le roi David en fit le siège.
Ce
nom "Jébuséens" n'a en réalité rien de mystérieux. Et
la langue hébraïque nous révèle bien des choses dans ce récit
assez folklorique :
C'est
un sobriquet attribué à des Hébreux (non Israélites) habitants
autochtones de Jérusalem.
En
effet, "Jébuséens" est un substantif en hébreu יבוסים
forgé
sur la racine verbale YBS et qui signifie "être défait, être
vaincu, être soumis". Ces Jébuséens ne sont pas une peuplade
étrangère, mais des Hébreux vaincus et défaits par
David.
Or,
il est invraisemblable que les Jébuséens se soient eux-mêmes
appelés ainsi, et encore moins qu’ils aient nommé péjorativement
“Cité de défaite”, leur forteresse montagnarde qu’ils
croyaient imprenable.
Car
quelque temps auparavant, les Jébuséens avaient nargué le Roi
David en alignant sur les remparts de leur citadelle tous les
aveugles et les boiteux de la ville, une manière sans doute de lui
prouver qu’elle était inexpugnable puisque même des handicapés
suffisaient à la défendre.
Mais
le rusé David s’introduisit dans l’enceinte de la forteresse en
empruntant un boyau souterrain (d’égout ?) et s’empara de la
ville.
Dès
lors, Jérusalem prit aussi les noms de Citadelle
de Sion (Sion
= la désigné) ou encore Cité
de David.
Mais
il nous faut faire à présent une petite digression :
Le
narrateur biblique nous entretient d'une manière impromptue d’un
recensement (chose préalablement prohibée par Yahweh) effectué par
le roi David.
En
effet, le narrateur biblique, après avoir méticuleusement énuméré
les vaillants guerriers de David, ‘les 37 Preux’, (le trente
septième étant Urie le hétéen cocufié et secrètement exécuté
par son roi et amant de son épouse Batsheba' = Bethsabée en
français), nous dit soudain que Yahweh se mit en colère et ‘incita
le cœur de David’ à procéder au dénombrement de la population
de Judah et d’Israël. Ce que fit David.
Mais
pour le punir
d’avoir obéi-à-l’injonction-de-transgresser-l’interdit-de-recensement (Yahweh
est un tyran retors et compliqué), Dieu envoya son prophète, un
nommé Gad [16],
enjoindre David de choisir entre trois calamités : trois ans de
famine, trois mois de défaites militaires, trois jours de Glaive
de Yahweh,
c’est-à-dire d’épidémie de peste.
David
préféra tomber entre les mains de Yahweh, fut-il capricieux, plutôt
qu’entre celles de ses ennemis humains. Il choisit la peste.
Soixante-dix mille Israélites en périrent.
Parvenu
à Jérusalem, l’Ange
exterminateur –
le
glaive de Yahweh – comptait y achever sa ravageuse besogne, lorsque
David l’aperçut qui se tenait avec nonchalance devant la grange
d’un quidam, répondant au nom d’Aronah
le Jébuséen.
David
implora Yahweh : « C’est
moi qui ai péché, je suis le seul coupable. Qu’ont fait ces
brebis ? De grâce, que ta main ne frappe que moi et ma famille ».
C’est
alors que Yahweh eut pitié de la cité et de ses habitants. Il
ordonna à l’Ange : «
Assez ! Retire maintenant ta main ! » [17]
Le
prophète Gad alla trouver le roi David, passablement troublé par la
vision de l’Ange, une sorte d’épiphanie christique, et lui dit
: «
Elève un autel à Yahweh dans l’aire d’Aronah le Jébuséen ».
David
désira aussitôt acheter la grange et l’aire attenante pour le
battage des grains de céréales.
Mais
qu’y avait-il de si saint sous
les bottes de paille de la grange d’Aronah ? Nous laissant sur
notre faim, le Livre de Samuel s’achève là, sans nous le révéler.
La tradition populaire prit le relais et lia les gerbes d’orge et
de blé à la légende davidique messianique de Jérusalem : sous la
grange, perché sur un monticule dont la forme arrondie évoquait un
occiput, se trouvait la sépulture d’Adam, le premier humain ! Le
site mythique reçut plus tard le surnom de ‘crâne’, golgoleth en
hébreu, qui donna le fameux Golgotha des
Evangiles, et du “second Adam” qu’était Yeshou’a-Jésus pour
ses disciples.
Quant
à Aronah, sans se départir de sa flagornerie de péquenot balourd,
il se révéla un négociateur redoutable et, presque sans avoir
l’air, fit payer à David le prix fort. A tel point que notre
narrateur-rédacteur de la scène (totalement fictive bien entendu)
bafouilla et décerna à Aronah, le titre de …Roi, à la place de
David !
La
racine de ce nom hébreu – Aronah
– possède
deux sens : soit Arche
(comme
dans l’expression Aron
ha Brith
[!8]=
Arche d’Alliance), soit un diminutif désignant
la Lumière : Or ou Ornan.
C’est d’ailleurs ainsi qu’il est transcrit dans le Livre des
Chroniques.[19]
Ce
nom prédestiné, évoquant à la fois les “Tables de la Loi”
déposées dans le Saint des Saints du Sanctuaire de Jérusalem,
Les Ourim
et Toumim (les
pierres précieuses scintillantes du pectoral d’Aharon, le frère
aîné de de Moïse et le Grand Cohen sacrificateur, selon la Bible),
et même le Candélabre à sept branches éclairant les Chérubins,
aurait pu et dû laisser libre-cours à l’imagination débridée
des exégètes et aux élucubrations des mystiques. Mais il n’en
fut rien.
A
cause d’un a
priori jébuséen,
donc prétendument non hébraïque de son nom, ainsi que d’une
vocalisation très tardive – et défectueuse -, dans la version
dite massorétique de
la Bible (au 10ème siècle
après J.-C.), la plupart des exégètes se sont fourvoyés dans des
hypothèses aussi fausses que néfastes : Araunah ou Aravnah,
serait un prince … arménien !
Décidément,
la nuisance de "l’étymologie populaire", fondée sur une
pseudo homonymie sonore, est aussi passée par-là !
Or,
Aronah n’est pas plus prince qu’il n’est Arménien ou Hittite !
Pauvre Aronah ! Etrange et ironique destinée qui entacha le nom de
ce modeste paysan : elle fit à la fois entrer cet hébreu païen –
contre son gré – dans le panthéon monothéiste, et le gratifia
d’appartenance quasi “aryenne”.
Fermons
la digression et revenons au Palais du Roi David.
Proche
du palais qu'il s'était fait construire, le roi David érigea un
autel et envisagea d'édifier tout autour un Sanctuaire en l'honneur
de Yahweh (vers 1000 avant J.-C). Mais l'édification de ce
Sanctuaire ne s'acheva que vers 950 avant J-.C avec la construction
par son fils Salomon du Temple
de Salomon,
abritant le "Sanctuaire de Yahweh", et qui fit de Jérusalem
la capitale politique et religieuse du royaume d’Israël unifié.
Le
fait que David et son fils Salomon aient pris Jérusalem non
seulement comme symbole de “résidence” de Yahweh et d’abri
pour le Coffre d’Alliance de la confédération Israélite, mais
surtout de capitale royale et donc politique, risquait de lui attirer
l’animosité et l’opposition des autres tribus d’Israël.
Or
Jérusalem avait été choisie par David afin justement d’éviter
des frictions de préséance entre les tribus. Avec son emplacement
dans le territoire central attribué à la petite tribu de Benjamin,
Jérusalem était censée faire fonction de zone tampon neutre, pour
consolider la confédération tribale, menacée d’éclatement. Avec
d’une part, un risque de sécession de la forte tribu de Judah au
sud, et de l’autre la tendance à l’hégémonie de celle de
Joseph sur les neuf autres tribus, au nord, à l’ouest et à l’est.
Ce qui d’ailleurs arriva 50 ans plus tard, lors du schisme entre
les royaumes de Judah et d’Israël.
Les
tribulations de Jérusalem se poursuivirent tout au long de
l’Histoire du royaume de Judah. Le fameux Temple de Jérusalem fut
détruit en 587 avant J.-C par les armées occupantes de
Nabuchodonosor le Babylonien. Il fut reconstruit quelques décennies
plus tard, par les Judéens exilés revenus au pays, désormais sous
domination perse. Débute ainsi l'époque du "Second Temple de
Jérusalem".
Au
IIIème siècle avant J.-C, Jérusalem et son Temple furent investis
par les envahisseurs grecs qui triomphèrent des Perses. Mais les
combats de résistance menés par Judah le Macchabée et ses frères,
parvinrent à bouter les Grecs hors du pays. Jérusalem fut libérée
et l'Autel du Temple restauré, évènements commémorés par la fête
de "Hanoukah".
Deux
siècles plus tard, les occupants romains s'emparèrent militairement
de Jérusalem, tout en laissant le Temple sous la direction des
Cohanim et du Sanhédrin judéen.
Mais
en 70 après J.-C., suite à la Grande
Révolte des
Juifs contre les Romains,
et lorsque Jérusalem-Sion fut transformée en bastion des patriotes
et des résistants zélotes et sicaires, les Romains l’assiégèrent
et la rasèrent définitivement ! Mille ans de Jérusalem l'israélite
s'achevèrent dans le sang ! Il faudra attendre près de 1900 ans
pour que Jérusalem revienne à ses propriétaires israélites
légitimes.
-
"Jérusalem capta", soumise et conquise par les étrangers
En
130 après J.-C, soit 60 ans après la destruction de Jérusalem,
l’empereur Hadrien la rebaptisa Aelia
capitolina (du
nom de sa famille),
et
fit bâtir sur les vestiges du Sanctuaire de Yahweh, un Temple dédié
à Jupiter. Il y fit même ériger sa propre statue,.
Ce
dernier repris le flambeau de la révolte, lors de l’insurrection
de Bar
Kochba en
132-135 après J.-C, réprimée par ce même Hadrien dans le sang et
la déportation de nombreux résistants israélites. C'est alors
qu'Hadrien décida d'effacer les noms d'Israël, de Judée, de
Samarie, et de Galilée, et rebaptisa le pays "Palestina",
et ce afin d’offenser et d’humilier la fibre patriotique du
peuple hébreu-israélite vaincu.
200
ans plus tard, soit en 335 après J.-C, l'épouse Hélène de
l'Empereur romain Constantin converti au christianisme – fit raser
ce Temple païen et le recouvrit de terre. Les Israélites qui
venaient prier sur les ruines du Sanctuaire de Yahweh furent bientôt
interdits d'accès au site, et chassés de Jérusalem par Constantin.
En
362 après J.-C, Julien le neveu de Constantin, monta sur le trône
d'Empereur. Surnommé "Julien l'apostat", car il abandonna
le christianisme et revint au paganisme, le nouvel Empereur permit
aux Israélites de reconstruire le Temple de Jérusalem avec le
sanctuaire dédié à Yahweh.
Le
projet de reconstruction avorta suite à un terrible tremblement de
terre qui détruisit les matériaux de construction et une partie de
la ville–haute de Jérusalem. Les chrétiens romains virent dans ce
cataclysme le miracle une punition divine pour empêcher les
Israélites de recouvrer leur fierté d'antan.
En
393 après J.-C, Théodose monta sur le trône et annula les
décisions de Julien. Il abolit le permis que Julien octroya aux
Israélites de reconstruire le Temple de Jérusalem, et alla même
plus loin en leur interdisant désormais d'habiter la ville !
En
630 après J.-C, L'empereur byzantin Héraclius permit le retour des
Israélites à Jérusalem, dans un premier temps, mais sous la
pression des moines, il annula sa décision, et ordonna de les
chasser de Jérusalem à moins qu'ils ne se convertissent au
christianisme.
En
636 après J.-C, la terre d'Israël et Jérusalem tombèrent entre
les mains de nouveaux conquérants : les arabo-musulmans !
Durant
plus de 400 ans (avec quelques intermèdes turco-mongols), les
conquérants arabo-musulmans régnèrent en maîtres à Jérusalem.
Sur l'Esplanade du Temple, ils y firent construire la "Mosquée
interdite" dite "Mosquée de 'Omar" (ou mosquée du
"Rocher") sur l'emplacement de l'ancien Sanctuaire
israélite, et la "Mosquée extérieure" (dite "al
–Aqçah") à l'extrémité sud de l'Esplanade.
Mais
en 1100 et durant un siècle de croisades, Jérusalem fut reprise par
les chrétiens, non plus byzantins cette fois, mais européens.
Aux
environs de 1200, Salah al Din (Saladin), un chef Kurde musulman et
ses troupes de Tatars et de Mamelouks (jeunes mongols raflés dès
leur jeune âge et convertis à l'islam) s'empara de Jérusalem et en
chassa les Croisés dans un effroyable massacre.
Il
y eut quelques soubresauts de croisades ultérieures, mais désormais,
et jusqu'au début du XXème siècle (en dépit du bref intermède
bonapartiste en 1800), Jérusalem fut sous la coupole mamelouke
musulmane, puis ottomane musulmane. Jusqu'à la chute de celle-ci, en
1917, date de l'octroi du mandat de la SDN à la Couronne
britannique.
Et
c'est alors qu'un ancien-nouveau facteur, réapparut : Le Mouvement
Hébreu de Libération (mal-nommé "sionisme).
-
Jérusalem, non plus en tant que symbole religieux mais comme métropole culturelle.
Le
Mouvement Hébreu de Libération sublima l'aspiration du peuple
hébreu au retour au pays des ancêtres, pour y recouvrer son
indépendance, sa souveraineté, et sa capitale historique et
politique, perdues. Non pas au nom de l'aura de Jérusalem en tant
que ‘Ville Sainte”, mais au nom de la justice historique pour un
peuple spolié de sa patrie ancestrale.
Or,
la multiple sacralisation des vestiges religieux de Jérusalem-Sion
par le judaïsme (dont Le
Mur des Lamentations, en
hébreu, La
paroi occidentale) et
par le christianisme, puis par le conquérant musulman avec
la Mosquée
du Rocher,
avait déjà fait son effet pervers.
Car
c’est au nom de croyances religieuses que “l’internationalisation’
de Jérusalem, une sorte de “Vatican du Proche-Orient des trois
religions monothéistes”, fut effrontément exigée, même par des
Etats laïques comme la France, comble de l’absurde et du ridicule
!
A
cela, l'Etat d'Israël renaissant proclamé en 1948, puis victorieux
des armées de la "Ligue arabe" en 1967, avec la libération
de Jérusalem-est et du Mont du Temple, aurait dû rétorquer qu'il
est le seul et unique propriétaire légitime de Jérusalem. Ni la
crucifixion de Jésus au Golgotha et ni le pseudo ‘voyage’
spirituel de Mahomet à Jérusalem, ne sauraient octroyer un
quelconque droit aux chrétiens et encore moins aux musulmans, sur
Jérusalem. Que sa décision de faire de Jérusalem sa capitale est
une décision souveraine, qui ne dépend ni de Trump et ni de
quiconque.
Que
diraient les Français, si des Israéliens adhérant soudain à la
croyance en résurrection et à la divinité de Jeanne d’Arc,
réclamaient l’internationalisation de Rouen, en arguant
impertinemment du fait que c’est dans cette ville que La
pucelle
monta
au bûcher ?!
Mais
l'Etat d'Israël a tergiversé longtemps, trop longtemps, à ce
sujet. Et aujourd'hui, il en paie les conséquences.
Car
la confrontation entre droits historiques et pseudo "droits"
religieux, est toujours d’actualité. Elle est même en plein
paroxysme, jusqu'à en devenir artificiellement fondamentale et
vitale pour l'Etat d'Israël, dont la grande erreur est d’avoir
hypertrophié l’importance de Jérusalem, au détriment de toute
autre parcelle de terre du Pays des Hébreux.
Or,
pour un Hébreu, Massada, Hébron, Bethlehem, Sichem, le Mont
Garizim, Shilo, Ephrat, Gilo, Megido, le Mont Tabor, Gaza, le Sinaï,
le moindre kibboutz et moshav, le moindre bourg, et le moindre
village, n’est pas moins “saint” que Jérusalem.
Tous
ces lieux ne sont pas “sacrés” au nom du divin, mais parce
qu’ils font tout simplement partie intégrante de la patrie des
ancêtres Hébreux. Et ce n’est pas parce qu’un roi
Hébreu-israélite-judéen, aussi “prestigieux” fut-il comme le
Roi David, a décidé que sa capitale serait Jérusalem, qu’il
fallait pour cela atrophier l’importance des autres lieux du Pays
des Hébreux !
En
réalité, l’hypertrophie de l’importance de Jérusalem aux yeux
des Israéliens est un stratagème pernicieux, induit par les ennemis
d’Israël, pour développer en eux un réflexe de défense de leur
“Capitale”.
Jérusalem
est ainsi devenue une sorte de “chantage” aux mains des ennemis
d’Israël : “Nous sommes prêts à vous concéder la souveraineté
sur Jérusalem, mais en contrepartie, nous exigeons la création d’un
Etat palestiniste arabiste-islamiste (fantoche et artificiel) en
Judée-Samarie et sur la bande de Gaza”. Et le tour est joué
! Avec les ovations des “puissances occidentales”.
Ce
stratagème de chantage avait déjà réussi avec Sadate qui a
“exigé” le Sinaï en contrepartie de la “paix”. Comme si le
Sinaï ne faisait pas partie intégrante du Pays des Hébreux, comme
si l’Egypte ne l’avait pas occupé illégitimement, et comme si
Israël était astreint à brader une terre lui appartenant de tout
temps, pour “avoir la paix” !
Voilà
donc le piège sournois dans lequel est tombé l'Etat d'Israël, à
cause de son attachement à Jérusalem.
Certes,
la réponse à ce traquenard est de déclarer immédiatement que
chaque centimètre carré de toute la terre des Hébreux appartient
historiquement à Israël et qu’il n’y aura de paix que lorsque
cette terre lui sera restituée intégralement !
Mais
il y a en parallèle une autre "solution". Celle de la
fondation d'un Etat laïque, unifié, et fédéré sur toute
l'étendue du Pays des Hébreux (voir carte du Mouvement Hébreu de
Libération), de la Méditerranée jusqu'à la "Transjordanie"
comprise, et du Sinaï compris jusqu'au nord du Liban et le sud de la
Syrie.
Dans
cet Etat laïque unifié et fédéré, qui pourrait se nommer
"hébreu-cananéen" ou encore "Qedem" (le
"Levant" en hébreu), Jérusalem n'aurait plus que le rôle
d'une métropole culturelle.
La
capitale fédérale, politique et administrative de Qedem
serait
une nouvelle ville construite intentionnellement là où il n'y avait
rien de symboliquement religieux auparavant. Le site privilégié
serait justement au centre de cet Etat fédéré : Pourquoi pas dans
la vallée de Beth Shean ?
David
A. Belhassen
[7] L’ordre
rédactionnel des 24 livres du corpus biblique n’est pas
chronologique. Par exemple, le Livre
des Juges –
le
plus ancien et dont la rédaction date du Xème avant
J.-C. – ne se trouve qu’après le Livre
de Josué bien
plus tardif (VIIème avant
J.-C.).
[9] Genèse
33, 18. Au Ier siècle
après J.-C., Rome saccagea la ville hébraïque de Sichem et y
installa ses légionnaires vétérans, en la
rebaptisant « Neapolis » (ville
nouvelle).
D’où l’actuelle Naplouse en
français, arabisée en Nablus.
[10] Il
se pourrait fort en effet que l’un d’eux eût été un
Samaritain, donc opposé à la sanctification et au prestige de
Jérusalem. Voir les travaux de Mikhah Yossef
Berdichevsky (1865-1921)
: Sinaï
et Grizim.
[11] En
réalité à 11 tribus, Moïse s’abstenant de bénir la tribu
récalcitrante de Simon. Or Simon (Shim’on en hébreu) n’est
autre que Ismaël (Ishma’ël en hébreu), l’aîné d’Abraham
décrit dans la Bible commehomme
du désert vivant de rapines.
En fait, cet éponyme désignait une tribu de semi-nomades du Néguev
et du Sinaï affiliée à la confédération israélite, et dont
certains territoires furent intégrés au royaume de Judah. Les
‘sages talmudiques’ attribuèrent le nom d’Ismaël à
toute population nomade, y compris arabe,
bien que cette dernière n’a absolument aucun lien
avec Simon-Ismaël.
[12]Voir La
Bible traduite du texte original par les membres du Rabbinat
français, sous la direction du Grand rabbin Zadoq Kahn.
Librairie Colbo. Paris 1966. Tout le long de cet article, cette
traduction sera privilégiée, sans toutefois être exclusive.
[13]Selon
la Bible, voir Samuel II.
[15]Voir
mon ouvrage Israël,
amour et désamour,
Ed La Différence. Paris. 2013 ou mon article : “Pour en finir
avec l’usage du terme Palestine”.
[17]Samuel
II, chap 24.
[18]Les
lettres majuscules n’existent pas en hébreu. Les voyelles non
plus. Elles ne sont là que pour faciliter la lecture.
[19]Chroniques,
21, 15.
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